Activité toujours en berne pour Altice France: le chiffre d’affaires de la maison mère de l’opérateur télécoms SFR a reculé de 3,8% sur un an au premier trimestre, alors que le groupe s’est lancé dans un bras de fer avec ses créanciers pour diminuer sa gigantesque dette. Sur la période, le chiffre d’affaires a baissé à 2,564 milliards d’euros, tandis que le bénéfice opérationnel (Ebitda) a diminué de 6,5%, à 782 millions d’euros, a détaillé mardi le groupe, filiale de la multinationale Altice appartenant à l’homme d’affaires Patrick Drahi. La dette nette du groupe a atteint plus de 24,2 milliards d’euros au premier trimestre, alors qu’Altice France a fait de son désendettement l’un de ses objectifs pour l’exercice 2024. L’entreprise avait indiqué fin mars viser un niveau «approprié» d’endettement «bien en dessous» de 4 fois son Ebitda, contre plus de 6 fois actuellement. Pour y parvenir, le groupe a demandé aux porteurs d’obligations d’Altice France de renoncer à une partie de leurs créances ou d’envisager «des transactions escomptées, qui pourraient inclure des offres d’échange, des appels d’offres ou des rachats» à prix réduits. Autrement dit, il menace de ne pas utiliser le produit de ses cessions pour leur rembourser les sommes dues, alors qu’Altice a annoncé en novembre la vente de ses centres de données («data centers») à la banque Morgan Stanley dans une transaction qui devait lui rapporter 530 millions d’euros, puis en mars celle de sa branche média (BFMTV, RMC) au groupe CMA CGM pour 1,55 milliard d’euros. Pour se défendre, 150 créanciers, essentiellement des fonds d’investissement américains détenant plus des deux tiers de la dette d’Altice France, ont depuis signé un «accord de coopération», négocié avec l’aide de la banque Rothschild et du cabinet d’avocats Gibson Dunn, selon le quotidien Le Monde. Cet accord doit leur permettre de bloquer toute proposition contraire à leurs intérêts en cas de procédure de restructuration financière ou d’évincer les actionnaires en cas de défaut du paiement de la dette. A l’issue de la présentation de ses résultats du premier trimestre mardi, la direction d’Altice n’a pas tenu de séance de questions-réponses avec les investisseurs, contrairement à la publication de ses résultats annuels fin mars. «Compte tenu du nombre de demandes de renseignements reçues et dans l’intérêt d’une communication cohérente avec nos différentes parties prenantes, nous ne tiendrons pas de séance de questions-réponses», a annoncé Gerrit Jan Bakker, le trésorier du groupe. «L’entreprise communiquera toute mise à jour des informations ou toute nouvelle information le cas échéant, (…) par le biais de communiqués nécessaires et largement diffusés», a-t-il ajouté. Concernant Altice International, autre filiale qui chapeaute notamment les activités télécoms en Israël, République Dominicaine et au Portugal ou l’entreprise spécialisée dans la publicité en ligne Teads, dont la publication des résultats a également eu lieu mardi, la séance de questions-réponses avec les investisseurs a pu avoir lieu. Alors qu’Altice International a un endettement inférieur à celui des deux autres filiales, Altice France et Altice USA, avec 9,2 milliards d’euros de dette à la fin du premier trimestre, la direction envisage également la vente d’actifs pour réduire l’endettement. En parallèle de ses difficultés financières, Altice est aussi ébranlé depuis plusieurs mois par un scandale de corruption, qui implique notamment Armando Pereira, dirigeant de la filiale portugaise et cofondateur du groupe. Mis en examen au Portugal, il est soupçonné d’avoir mis en place un réseau de fournisseurs douteux dans le but de détourner d’importantes sommes d’argent via la politique d’achats du groupe, ce qu’il conteste. Une enquête a également été ouverte en France en septembre par le parquet national financier.