Alliances de raison dans la télévision sur Internet pour lutter contre le piratage

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    Balbutiante il y a deux ans, la télévision sur Internet monte en puissance,
    et de grands groupes audiovisuels concurrents s’allient dans ce domaine
    car cela leur permet de lutter contre le téléchargement illégal. Hulu,
    lancé le 12 mars aux Etats-Unis, est né d’une alliance entre NBC et Fox.
    C’est un site de diffusion de vidéos gratuit, financé par la publicité, qui
    «permet de regarder vos programmes préférés quand vous le voulez»,
    explique le jeune P.-D.G. de la société, Jason Kilar, lors d’une conférence
    de presse au MIPTV, le marché des contenus audiovisuels, à Cannes.
    Parmi ses points forts: facilité d’utilisation pour l’internaute, gratuité
    (moyennant la diffusion de spots publicitaires de 15 à 30 secondes, avant
    ou pendant le programme), et surtout qualité de l’image et des contenus.
    Le but de Hulu est de proposer, à terme, «les meilleurs programmes
    audiovisuels mondiaux», telle une gigantesque vidéothèque. Pour
    le moment, outre les programmes de Fox et NBC (Les Simpsons, 24
    heures, Heroes…), Hulu a signé des accords avec une cinquantaine de
    fournisseurs de contenus dont Sony et la NBA. Il propose 250 séries,
    une centaine de long-métrages, des programmes de divertissement, du
    sport… Si l’internaute cherche un programme qui ne fait pas partie de la
    «bibliothèque» de Hulu, le site va l’aider à trouver un lieu sur le net où
    il est disponible en visionnage légal. Le spectateur peut aussi envoyer
    par e-mail des extraits des programmes regardés à ses connaissances.
    En Grande-Bretagne, les trois plus importants groupes audiovisuels,
    BBC (public), ITV et Channel 4 (privés), ont annoncé récemment le
    lancement à la mi-2008 de Kangaroo, un site qui proposera quelque 10
    000 heures de programmes issus des grilles des partenaires. Là encore,
    le site sera gratuit, financé par la publicité, et pourrait s’ouvrir à d’autres
    fournisseurs de contenus. Ces groupes audiovisuels concurrents mettent
    de côté leur rivalité pour s’unir afin de répondre au succès des sites
    de partages de vidéos, tels que YouTube, où leurs programmes sont
    régulièrement téléchargés illégalement. Depuis 2005, plusieurs sites
    proposant la télévision sur internet ont vu le jour, avec des fortunes
    diverses: Vuze (2005), Zattoo (2005), Babelgum (2005), Joost (2006)…
    Veoh, lancé en 2003, fait déjà figure de patriarche. L’une des critiques
    récurrentes à l’égard de ces sites concerne le faible volume de leur
    offre, avec par exemple des saisons incomplètes de séries américaines.
    Pour y répondre, certains ont choisi des thèmes précis: Babelgum va se
    concentrer sur les films indépendants, le sport, la nature, les voyages.
    Vuze privilégie les programmes de science-fiction et d’animation. Mais
    le but de la plupart est de convaincre les propriétaires de contenus
    (studios, chaînes…) de céder leurs droits, moyennant rétribution à partir
    du chiffre d’affaires publicitaire. «Il est temps d’attaquer et non plus
    de se défendre!», estime Jason Killar. «Les internautes trouveront sur
    le net le programme qu’ils souhaitent, avec ou sans vous. Mais s’ils le
    téléchargent illégalement, cela ne génèrera aucune recette publicitaire
    pour vous», a-t-il lancé aux acteurs de l’audiovisuel à Cannes. Le coût
    de fonctionnement de ces sites est cependant très élevé en raison de
    la bande passante. «Personne n’a encore trouvé le modèle économique
    rentable pour l’offre gratuite, avec publicité, de vidéos longue durée sur
    Internet. La société qui y parviendra mettra la main sur une mine d’or»,
    souligne la revue spécialisée «FutureMedia» dans son numéro d’avril.