Le numéro un mondial taïwanais des semi-conducteurs TSMC a donné mardi dernier le coup d’envoi du chantier de sa 1ère usine européenne, dans l’est de l’Allemagne, un projet stratégique pour rapatrier une partie de la production de ces composants clés sur le Vieux continent. Le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, étaient présents à Dresde pour le premier coup de pioche symbolique, aux côtés de responsables du groupe taïwanais. Le groupe compte investir 3,5 milliards d’euros dans cette usine, dont il détiendra 70% du capital, en partenariat avec les groupes néerlandais NXP et allemands Infineon et Bosch, impliqués à hauteur de 10% chacun. «Nous ne devons pas être dépendants d’autres régions du monde pour l’approvisionnement en semi-conducteurs. Nous avons besoin d’usines ici, chez nous ! En Europe, en Allemagne!», a lancé M. Scholz durant la cérémonie. Avec cette nouvelle usine, «les industries européennes bénéficieront de chaînes d’approvisionnement locales plus fiables et de nouveaux produits adaptés à leurs besoins», a souligné Mme von der Leyen. L’immense majorité de la fabrication de puces électroniques est actuellement localisée en Asie, particulièrement à Taïwan. Mais du fait des bouleversements de la chaîne logistique et des tensions géopolitiques dans le Pacifique, les pays occidentaux veulent développer la production sur leur propre sol. TSMC s’est lui-même lancé dans une diversification de ses sites industriels, avec des projets d’usines en dehors de Taïwan, île gouvernée de façon autonome mais que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire. Ces dernières années, Pékin a intensifié les pressions militaires et politiques sur Taïwan. TSMC, qui compte Apple et Nvidia parmi ses clients, a ouvert en février une première usine au Japon et en prévoit trois aux Etats-Unis pour un investissement de 65 milliards de dollars, principalement dans l’Arizona (ouest). Les puces sont devenues incontournables dans toute l’industrie mondiale, des ordinateurs portables aux éoliennes en passant par les missiles. Berlin n’a donc pas lésiné sur les moyens pour attirer TSMC, avec jusqu’à cinq milliards d’euros de subventions allouées au projet. Ces aides publiques ont été validées mardi dernier par la Commission Européenne. Les investissements totaux de ce projet phare, situé dans la «Silicon Saxony», pôle industriel datant de la période communiste et dédié aux semi-conducteurs, atteindront 10 milliards d’euros, selon les quatre partenaires. L’usine allemande sera spécialisée dans la production de semi-conducteurs pour le secteur automobile, une branche phare de l’industrie allemande, engagée dans une mutation historique vers les technologies électriques. L’objectif est de débuter la production d’ici la fin de 2027. A terme une capacité de production mensuelle de 40.000 tranches de silicium de 300 mm, une des technologies les plus avancées, est prévue. «Jusqu’à présent, ces technologies sont principalement importées d’Asie et des États-Unis. Le projet contribue donc largement à la sécurité d’approvisionnement et à la souveraineté technologique de l’Europe», a commenté le ministre de l’Economie, Robert Habeck dans un communiqué. Quelque 2.000 emplois directs doivent être créés. Les annonces d’ouverture d’usines, assorties de milliards d’euros d’investissements et de subventions, se sont multipliées dans toute l’Allemagne depuis trois ans, de Intel à Wolfspeed, en passant par Globalfoundries.