Alain Weill, un spécialiste de la reprise de médias en difficultés

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    Alain Weill, qui est entré mercredi en négociation exclusive avec LVMH pour le rachat de la «Tribune», est un spécialiste de la reprise de médias en difficultés, de RMC au Groupe Tests, qu’il entend redresser au prix parfois de lourds plans sociaux. Doté d’une solide réputation de gestionnaire de coûts, cet homme d’affaires discret mais avisé est à la tête d’un groupe florissant, NextRadioTV. Né le 6 avril 1961 à Strasbourg, ce fils de médecins est depuis son enfance un passionné des médias. «Enfant, je voulais être journaliste. Je n’ai privilégié l’institut des affaires dans mes études que parce que cela me permettrait de diriger ma radio», confiait-il en 2001 à «Libération». Après des études d’économie et un stage de fins d’études à Europe 1, il crée à 24 ans sa première entreprise, une société de conseil audiovisuel. Quelques mois plus tard, il est repéré par le patron de NRJ, Jean-Paul Baudecroux, qui lui confie en 1985 la direction du réseau de la radio encore naissante. Début 2000, NRJ postule au rachat de RMC, que le groupe Sud Communication entend céder. Mais la réglementation sur la concentration des radios fait capoter le rachat. Alain Weill décide alors de démissionner pour se porter lui-même acquéreur de la radio moribonde. Pour redresser la barre, l’homme d’affaires, qui prédit la mort du format généraliste et ne juge que par les radios thématiques, réoriente RMC vers le «news and talk»: de l’info et du débat. RMC devient RMC Info, Talk, Sport. La formule, déjà appliquée par Europe 1 et France Info, s’avère gagnante, notamment grâce à des «coups», comme l’acquisition de l’exclusivité des droits radio de la Coupe du monde de football 2002. En avril-juin 2007, RMC a obtenu une part d’audience de 4,9%, en hausse sur les deux mois précédentes et sur un an. Selon Médiamétrie, la station se situe au 5ème rang des radios généralistes. Deux ans après avoir pris la barre de RMC, Alain Weill se porte acquéreur pour 3,3 millions d’euros de la radio BFM, alors en redressement judiciaire. Il fait le pari de rétablir l’équilibre financier de BFM en deux ans, en la recentrant sur sa thématique économique et financière et au prix d’un plan social drastique. Même si son audience reste limitée, le pari est tenu dès le début 2004, lorsque la radio atteint l’équilibre d’exploitation.