Alain Weill, un homme de médias complet

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Adepte de «coups» et spécialiste de la reprise de médias en difficulté, Alain Weill est devenu au fil des années un homme de médias complet passé par toutes les sphères du secteur entre radio, télé, télécoms et presse écrite. Si Alain Weill a acté son départ jeudi du paquebot Altice, c’est pour mieux repartir ailleurs. «Je vais lancer et concrétiser de nouveaux projets ; un acte III, dans les médias et le digital», annonce-t-il dans un communiqué.Avec en projet phare la relance de l’hebdomadaire «L’Express» qu’il a racheté en 2019 au groupe Altice, demeuré actionnaire minoritaire du titre. «Ce n’est qu’une première», s’exclame-t-il dans ce communiqué. Un nouveau départ qui vient étoffer la longue liste des chapitres médiatiques qui jalonnent son CV. Né le 6 avril 1961 à Strasbourg, ce fils de médecins est depuis son enfance un passionné des médias. «Enfant, je voulais être journaliste. Je n’ai privilégié l’institut des affaires dans mes études que parce que cela me permettrait de diriger ma radio», disait-il en 2001 au journal Libération». Après des études d’économie et un stage de fin d’études à Europe 1, il crée à 24 ans sa première entreprise, une société de conseil audiovisuel. Quelques mois plus tard, il est repéré par le patron de NRJ, Jean-Paul Baudecroux, qui lui confie en 1985 la direction du réseau de la radio encore naissante. Début 2000, NRJ postule au rachat de RMC, mais la réglementation sur la concentration des radios fait capoter le rachat. Alain Weill décide alors de démissionner pour se porter lui-même acquéreur de la radio alors moribonde. Pour redresser la barre, l’homme d’affaires, qui prédit la mort du format généraliste et ne jure que par les radios thématiques, réoriente RMC vers le «news and talk»: de l’info et du débat. RMC devient RMC Info, Talk, Sport. La formule s’avère gagnante, notamment grâce à des «coups», comme l’acquisition de l’exclusivité des droits radio de la Coupe du monde de football 2002. Deux ans après avoir pris la barre de RMC, Alain Weill se porte acquéreur en 2002 pour 3,3 millions d’euros de la radio BFM, alors en redressement judiciaire. Il fait le pari de rétablir l’équilibre financier de BFM en deux ans, en la recentrant sur sa thématique économique et financière et au prix d’un plan social drastique. Début 2004, la radio atteint l’équilibre d’exploitation. En 2005, Alain Weill se lance dans la télévision en créant BFMTV sur la TNT gratuite et élargit son groupe, rebaptisé NextRadioTV.  Là aussi, il multiplie les «coups»: un exemple, l’organisation de débats politiques qui dopent l’audience de la chaîne d’information en continu, devenue en trois ans la première de sa catégorie. Début 2007, NextRadioTV se lance cette fois dans la presse écrite, avec le rachat pour 80 millions d’euros du Groupe Tests, éditeur de plusieurs publications dédiées aux nouvelles technologies, alors en difficulté. Une fois encore, Alain Weill engage une restructuration profonde, qui se traduit par la suppression de 140 emplois sur 400 et des fermetures de titres. En 2008, il rachète le quotidien économique La Tribune au groupe LVMH, par sa holding personnelle News Participations. Objectif: ramener le titre déficitaire à l’équilibre «au plus tard en 2010». C’est un échec. En 2010, il revend 80% du capital de la publication. En 2013, son groupe NextRadioTV se sépare aussi de ses dernières publications papier pour se recentrer sur les activités en croissance: radio, télévision, Internet.Alain Weill fera le grand saut en 2015 en s’alliant au milliardaire Patrick Drahi, en vue de lui laisser à terme les rênes de son groupe NextRadioTV  – comprenant la radio RMC, BFMTV ainsi que les chaînes RMC Découverte et BFM Business – alors florissant. S’ouvre alors un nouvel acte: il découvre aux côtés du magnat les arcanes des télécoms, un milieu qu’il connaît peu. En 2017, Patrick Drahi le propulse président de SFR. Le «symbole d’une entente inédite où celui qui est racheté prend la direction de l’actif qui le rachète», reconnaît-il jeudi.