Un décret de réforme des aides à la presse, paru mardi au Journal officiel, réserve une partie des aides à la seule presse généraliste, comme l’avait annoncé le gouvernement en juillet 2013.
Cette réforme concerne le «fonds stratégique pour le développement de la presse», qui finance des investissements. Il a distribué en 2013 près de 21 millions d’euros à une centaine de titres. Les aides du fonds seront réservées aux publications numériques et sur papier d’information politique et générale à partir de 2016, alors que la presse spécialisée ne pourra en bénéficier que jusqu’en 2015.
Ce recentrage était voulu par le président de la République et cette réforme n’est «pas destinée à réaliser des économies budgétaires» sur les aides, a assuré le ministère de la Culture. Jusqu’ici, le fonds finançait déjà principalement les titres généralistes mais aidait aussi quelques dizaines de publications spécialisées, comme Régal (gastronomie), BTP Magazine, Réponse à tout, le magazine des véhicules professionnels Solutions Utilitaires, etc. Autre modification, les titres recevant plus d’un million d’euros par an (toutes aides confondues, y compris l’aide postale) devront passer une convention avec l’Etat en s’engageant par exemple à des bonnes pratiques ou au financement des société de distribution. Les aides pourront être suspendues s’ils ne respectent pas leurs engagements. Géré paritairement avec les fédérations de presse, le fonds stratégique pourra financer jusqu’à 50% d’un projet (contre 30% actuellement) si ce projet est présenté par au moins trois acteurs ou s’il s’agit d’une innovation. Le décret fusionne les trois sections du fonds, jusqu’ici séparées entre presse papier, presse en ligne et international.
Enfin les aides à la presse hebdomadaire régionale seront progressivement plafonnées à 25% du total pour un seul groupe. Un changement visant Ouest-France, dont les titres recevaient 40% de ces aides.
Les aides directes à la presse ont représenté 99 millions d’euros en 2013. Elles comprennent des aides au portage (37,5 millions alloués en 2013), les aides aux journaux à faibles ressources publicitaires (environ 10 millions) avec en tête «L’Humanité», «La Croix», et «Libération», les aides à la presse hebdomadaire régionale (1,4 million), les aides à la distribution des quotidiens nationaux (28 millions) et le fonds stratégique (21 millions). S’y ajoute une subvention à La Poste (200 millions budgétés en 2014) qui permet aux journaux de payer leur envois postaux moins cher.
Sous la pression de l’Etat, une nouvelle forme d’aide à la presse française a été créé en 2013 par le groupe américain Google pour apaiser ses relations avec les éditeurs de journaux : son fonds numérique, cogéré avec la presse, a accordé en 2013 quelque 16 millions d’euros à 23 médias, pour des projets innovants.