Pilier de la programmation de TF1, les fictions françaises rencontrent un public à la fois captif et fidèle à chacune de leur diffusion en Prime et en Access quotidiennement. A l’occasion de l’ouverture du Festival de la Fiction de La Rochelle, média+ s’est entretenu avec Anne VIAU, Directrice Artistique de la fiction française de TF1. Vision, stratégie et projets… elle nous dit tout !
La logique de premiumisation des fictions de TF1 se poursuit-elle ?
La fiction française demeure l’un des piliers de la chaîne. Le public nous attend autour d’une offre très événementielle, de grande qualité avec les meilleures histoires, les plus beaux castings et des réalisateurs de renom. L’envie est d’offrir au téléspectateur une fiction grand public, populaire et familiale qui ne laisse personne de côté. Pour cela, une grande variété de genres est proposée avec plus d’une vingtaine de nouveautés chaque saison. On peut noter l’arrivée d’une grande fresque historique avec «Les Combattantes» (Quad Drama), des fictions fantastiques, dans un registre comédie avec «@venir» (MyFamily) et plus polar avec «Prométhée» (UGC Fiction). Sans oublier le retour de nos grandes franchises comme «Balthazar» saison 5 (Beaubourg Stories) ou «HPI» saison 3 (Septembre Production/ Itinéraire Productions).
Comment équilibrez-vous le renouvellement des franchises historiques et le lancement des nouveautés ?
La télévision se crée autour de rendez-vous. Le public aime retrouver ses héros. Mais comme le téléspectateur n’a jamais autant regardé de fictions, il est en demande de nouveautés et de renouvellement. C’est ce à quoi on s’attèle chaque saison avec plus d’une quinzaine de séries et mini-séries en développement.
Cela vous oblige à arrêter certaines franchises…
Même si elles ont connu un grand succès, les séries ont une durée de vie. Les histoires peuvent parfois tourner en rond au bout de 15 ans. Pour le respect de la marque, il vaut mieux clôturer un chapitre intelligemment.
Quel genre n’avez-vous pas encore exploré ?
Quasiment tous les genres ont été traités par le passé. C’est pourquoi, il est intéressant de les réexplorer autour d’un mot-clé : le grand spectacle. On veut offrir ainsi du divertissement, de l’évasion, de l’émotion, du frisson mais aussi de l’humour. Ce sera très représenté sur notre antenne cette année. S’il y avait un genre à revaloriser dans le futur, ce serait l’aventure, l’action et la saga romanesque.
Entre Netflix, Prime Video et Disney+, comment TF1 oriente-t-elle ses projets de fiction ?
On n’a pas attendu les plateformes pour produire des fictions de grande qualité. Ensuite, il y a eu une émulation et une envie de montée en gamme évidente. Mais quand on voit le succès de «HPI» qui réunit jusqu’à 10 millions de téléspectateurs et qui s’exporte dans plus de 100 territoires, la fiction linéaire impose ses propres standards. La fiction française, c’est une fiction de proximité, le reflet de la société et des problématiques de nos contemporains dans lesquelles le public peut se retrouver. C’est ce qui fait la différence. On reçoit entre 800 et 1 000 projets chaque année qui sont tous lus et étudiés par les 8 conseillers artistiques de l’équipe de la fiction française.
Sur «HPI», vous vous mettez la pression pour les futures saisons ?
Avant la saison 2, tout le monde nous attendait au tournant. On a ensuite confirmé le phénomène avec des audiences encore meilleures que la première saison. Alors évidemment, on se met la pression pour faire la meilleure série possible. Auteurs, producteurs, réalisateurs et comédiens ne cessent de se réinventer pour aller encore plus loin dans la comédie et la narration.
Quelle ligne de conduite donnez-vous à vos unitaires ?
Le principe de l’unitaire, c’est de créer un événement autour d’une histoire très forte et d’un casting évènementiel. Ça nous permet parfois d’ouvrir le débat sur des sujets comme les violences conjugales ou le harcèlement scolaire. Cette année, on traitera par exemple des violences sexuelles dans le sport avec «Le colosse au pied d’argile» (Make it happen Studio/Tetra Media Studio) incarné par Éric Cantona.
Quel mot d’ordre sur vos deux feuilletons quotidiens ?
Même si nos séries quotidiennes appartiennent au même univers, elles ont deux lignes éditoriales différentes. «Ici tout commence» (Newen Studios) s’adresse à un public plus jeune et se passe dans une école de gastronomie. Elle est très axée sur le soap et les intrigues en cuisine. Le socle de «Demain nous appartient» (Newen Studios), c’est la communauté sétoise et le polar. Chaque série creuse son propre sillon. Le mot d’ordre des deux feuilletons c’est de toujours surprendre le spectateur et de lui offrir parfois des moments exceptionnels, comme on a pu le faire avec l’accident de car dans DNA ou l’incendie du bal de promo dans ITC.
Les programmes courts, cela ne fait plus partie de votre stratégie ?
On a aujourd’hui une fiction courte sur TFX qui s’appelle «Sisbro» (Outside/ Nabi Films). Après, nous privilégions une autre forme de récit qui est le 26’.
Êtes-vous friande des adaptations de formats ?
La plupart de nos fictions sont des créations françaises. Après, je n’ai aucun complexe à défendre une adaptation de format dès lors que l’histoire est bonne. Faire une adaptation, c’est souvent recréer un scénario sur la base d’un univers existant. La série «Sam» (Authentik Prod) par exemple, a beaucoup évolué par rapport à son format d’origine. Et puis nous adaptons aussi des romans. C’est le cas de «Syndrome E» (Escazal Films), adaptée du thriller de Franck Thilliez, 4ème auteur le plus lu en France.