A. LASCH (SNEP) :  » On compte 22 millions d’utilisateurs du streaming audio en France »

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La production musicale française en 2021 se porte de mieux en mieux. Avec 861 millions d’euros de chiffre d’affaires, le marché français de la musique enregistrée affiche une progression de 14,3%. C’est une 5ème année consécutive de hausse, avec en 2021 un résultat largement positif qui confirme la dynamique de croissance enregistrée depuis 2017. Décryptage d’une croissance soutenue avec Alexandre LASCH, Directeur général du SNEP, le Syndicat national de l’édition phonographique.

MEDIA +

Jolie dynamique dans le secteur de la musique en France. Quels sont les principaux enseignements ?

ALEXANDRE LASCH

Le marché musical français est en hausse depuis 5 ans. En revanche, c’est la première fois depuis plus de 20 ans et le début de la crise du disque, que le secteur progresse à deux chiffres (+14,3% sur 1 an). Ces bons résultats sont liés à deux éléments : 1) le fruit de la croissance continue et soutenue du streaming audio par abonnement qui est le centre de gravité de notre nouveau modèle économique. 2) Un regain d’intérêt manifeste pour le physique qui a bondi de +21% l’an dernier. C’est un chiffre à comparer à une année 2020 très sévèrement impactée par le Covid avec la fermeture des commerces culturels pendant trois mois.

MEDIA +

Comment le streaming audio s’impose-t-il ?

ALEXANDRE LASCH

Pour la première fois, les Français passent le plus clair de leur temps à écouter de la musique sur les plateformes de streaming audio, devant YouTube et la radio.

MEDIA +

Cela signifie que le CD, c’est terminé?

ALEXANDRE LASCH

Non, pas du tout ! Au contraire ! Le CD a repris des couleurs pour la première fois depuis le début de la crise du disque: +10% sur 1 an. On passe simplement moins de temps à écouter un CD que sur les plateformes de streaming, à la radio ou sur YouTube. Les Français passent autant de temps à écouter un CD ou un vinyle qu’à écouter de la musique sur une plateforme comme TikTok.

MEDIA +

Quel est le profil des acheteurs de vinyles ?

ALEXANDRE LASCH

Ils sont majoritairement jeunes. 51% des acheteurs ont moins de 35 ans. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas connu le premier âge d’or du vinyle.

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Il y a donc une grande mixité des usages ?

ALEXANDRE LASCH

Oui, c’est frappant ! 39% des abonnés à une plateforme de streaming sont des fans de musique. Ils restent toujours très attachés à la possession du vinyle (+50% de chiffre d’affaires l’année dernière avec des volumes multipliés par trois en 5 ans). En parallèle, le streaming par abonnement progresse : 22 millions d’utilisateurs de streaming audio en France. C’est considérable.

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Ces modes de consommation sont-ils rémunérateurs pour les ayants droits ?

ALEXANDRE LASCH

Bien sûr ! Depuis 2017, on recrée de la valeur dans le secteur. Cela profite à tout le monde, et en particulier aux artistes produits en France. Cette année encore, et c’est l’un des enseignements majeurs de ce bilan, les artistes produits en France ont les faveurs du public français. 18 des 20 meilleures ventes sont des artistes produits en France et qui chantent en français.

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Ce n’était pas le cas il y a 10 ans ?

ALEXANDRE LASCH

C’était moins le cas. Depuis 7 ans, c’est devenu systématique. 17 à 19 des 20 meilleures ventes sont des artistes produits en France. C’est particulièrement vrai quand on regarde le Top 200 des ventes qui est composé à 83% d’artistes produits en France.

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Les radios ont-elles toujours un rôle prescripteur ?

ALEXANDRE LASCH

Sur les nouveautés musicales, c’est une évidence. Mais désormais, le principal pourvoyeur de nouveautés, ce sont les plateformes de streaming audio. C’est une première dans les usages.

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TikTok est-il vraiment le réseau révélateur de talents ?

ALEXANDRE LASCH

77% des utilisateurs de TikTok en France déclarent découvrir de nouveaux titres et artistes sur la plateforme. L’essentiel du temps consacré à TikTok par ses utilisateurs l’est d’ailleurs à écouter de la musique. Un Français sur 4 utilise le réseau social et un Français sur 10 de plus de 55 ans est sur TikTok.

MEDIA +

Vous constatez néanmoins «peu de musique à la télévision»…

ALEXANDRE LASCH

Il y a toujours trop peu de musique à la télévision. Les places sont chères. Il est compliqué de faire la promotion d’artistes à la télévision alors que c’est un média essentiel pour asseoir leur notoriété auprès du public. Média fédérateur par excellence, nous enregistrons néanmoins 22 émissions musicales de Prime Time en plus que l’an dernier. C’est un premier pas. Les producteurs contractualisent avec des chaînes pour favoriser la présence d’artistes. Nous plaidons aussi en cette année présidentielle pour des changements réglementaires pour reconnaître aux prestations scéniques dans les émissions de variété, une valeur patrimoniale comme pour les concerts. La mesure aiderait les chaînes à mieux valoriser la musique dans leur grille.

MEDIA +

Avez-vous une autre priorité ?

ALEXANDRE LASCH

Il est important de préserver les acquis de la loi «création» en matière de quotas de chansons francophones à la radio. Depuis la mise en application de la loi en 2016, le taux d’artistes francophones entrés en playlist a bondi de 84,4% et le nombre d’artistes francophones diffusés par les radios a progressé de 50%. L’année dernière, ce sont 661 artistes francophones supplémentaires auxquels les radios ont donné leur chance. C’est significatif mais pas immuable. Une décision de l’Arcom va dans un sens assez défavorable à la présence des artistes francophones à la radio. Nous sommes extrêmement vigilants pour faire en sorte que cette place ne se réduise pas.