Productrice des séries «Lilyhammer», «Third Eye» et «Maniac, Anne KOLBJØRNSEN est aujourd’hui la directrice générale de la société de production Anagram Norway. Interrogée lors du dernier Festival TV de Monte-Carlo, elle nous partage sa vision de l’industrie TV.
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Votre série «Maniac», au départ une simple fiction norvégienne, est devenue l’un des gros succès de Netflix. Comment l’avez-vous vécu ?
Anne KOLBJØRNSEN
L’histoire de «Maniac» est assez singulière. Avant d’entamer sa production, nous disposions d’un petit budget d’1M€. Les scénaristes de la série souhaitaient également l’intégrer en tant qu’acteurs alors que ce n’était pas du tout leur métier. On a aimé l’idée. En Norvège, «Maniac» n’a pas été très bien reçu, même si nous étions fiers du résultat. C’est pourquoi on a essayé de vendre la série dans des festivals y compris aux États-Unis. Au bout de deux ans, on a appris que Netflix était intéressée pour la récupérer sur sa plateforme. On est donc parti d’une petite série norvégienne à un hit pour Netflix. Le remake de «Maniac» à lui aussi trouvé son public.
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Comment avez-vous vécu cette expansion soudaine et mondiale ?
Anne KOLBJØRNSEN
Nous étions très heureux d’être visible par le monde entier. D’ailleurs, ça nous a ouvert des portes. En tant que producteurs norvégiens, nous n’étions pas les premiers à qui l’on venait parler dans les festivals. Mais après avoir produit des séries comme «Lilyhammer» et «Maniac», le regard a changé. On a montré au monde entier nous pouvions produire de super séries basées sur des histoires uniques et un peu folles. Les diffuseurs norvégiens sont assez courageux dans leurs achats. Compte tenu de la manière dont on produit, on aime mélanger les genres.
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Bosser avec Netflix, c’est le graal pour les producteurs ?
Anne KOLBJØRNSEN
Pas pour tous, mais ils sont nombreux à souhaiter travailler pour eux. Ce sont de vrais professionnels. D’ailleurs, les créatifs avec qui nous travaillons (scénaristes comme acteurs) sont ravis de collaborer avec la plateforme qui donne les moyens pour créer. Ça nous donne beaucoup de liberté créative et surtout l’occasion d’être vu dans le monde entier.
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Avez-vous recours aux coproductions internationales ?
Anne KOLBJØRNSEN
Oui, on espère démarrer une coproduction internationale l’année prochaine entre la Norvège, l’Espagne et le Royaume-Uni.
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Comment Anagram Norway, votre société de production se positionne-t-elle sur le marché norvégien ?
Anne KOLBJØRNSEN
Nous sommes une société indépendante. On a commencé à produire des séries criminelles et des comédies dramatiques. Notre dernière production, «Kieler Street» (10X45’) à un pitch original. L’action se situe dans le quartier où il y a le moins de criminalité en Scandinavie … mais il y a une raison à cela. Dans un autre genre, nous tournons actuellement 8 épisodes d’une série basée sur les relations entre le Danemark et la Norvège. Quand on produit des séries avec des ressources limitées, on est naturellement plus créatif. Pourquoi ? Parce que moins de gens essaient de vous maitriser.