A-H. DE GESTAS (neo) : «Depuis notre lancement, nous cumulons plus d’1,4 milliard de vues»

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Après le lancement de «neo», média vidéo cumulant plus d’1,4 milliard de vidéos vues, une nouvelle offre a vu le jour. Baptisée «Lou», ce média féminin généraliste s’adresse à toutes les femmes, avec une attention particulière pour le public des femmes actives et social mums. Entretien avec Anne-Henri DE GESTAS, Co-fondateur du Groupe neo (neo, Lou).

neo est un média en ligne axé sur la proximité et les territoires français. Avez-vous opéré des virages éditoriaux depuis son lancement en 2020 ?

Pas vraiment. A l’inverse, nous nous efforçons plutôt de renforcer nos valeurs fondamentales qui ont contribué au succès initial de neo, et auxquelles nous croyons fortement. Ces valeurs s’illustrent dans notre ligne éditoriale positive, populaire et enracinée dans les régions, dans notre valorisation des gens qui travaillent, créent, innovent, s’engagent sur le terrain pour faire la France. Cela a toujours été la mission de neo et nous capitalisons là-dessus. Pour atteindre cet objectif, nous produisons entre 3 et 4 vidéos par jour, grâce au travail acharné d’une équipe d’environ vingt talentueux journalistes et monteurs.

Comment votre audience a-t-elle progressé ?

Depuis notre lancement, nous cumulons plus d’1,4 milliard de vues. Chaque mois, nous atteignons plus de 60 millions de vues sur les réseaux sociaux. Mais ce dont nous sommes encore plus fiers c’est du niveau impressionnant d’engagement (incluant les commentaires, likes, partages) généré par nos contenus. Au premier trimestre 2023, neo a d’ailleurs été le premier média du secteur en nombre d’interactions sur Facebook. Notre objectif initial avec les autres fondateurs de neo – Stéphane Simon, Sami Biasoni et Louis Perrin – était de créer un média grand public engagé et positif. Je crois que l’on peut dire que nous avons relevé ensemble le défi.

Comment neo parvient-il à traiter des sujets souvent ignorés par les médias traditionnels, en particulier ceux liés aux territoires, aux traditions régionales et aux métiers oubliés ?

Déjà en nous y intéressant ! C’est pourquoi nous portons une attention particulière à ce qui se passe en dehors de Paris et des grandes villes. C’est un des aspects qui nous distingue fortement des autres médias vidéo sur les réseaux sociaux. Nous nous engageons à couvrir des sujets dans les petites villes, dans le monde rural mais aussi Outre-mer ! Nous avons vraiment à cœur de rompre avec le côté parisiano-centré et déconnecté du réel que beaucoup de Français reprochent aux médias. Notre objectif est de refléter la diversité de la France. De plus, nous avons un réseau de journalistes et de pigistes, ainsi que des outils de collecte de données sur les réseaux sociaux qui nous permettent d’identifier les sujets qui commencent à susciter de l’intérêt localement. En approfondissant ces sujets, nous réalisons souvent qu’ils ont un potentiel à l’échelle nationale. Nous nous appuyons aussi sur la lecture de la presse locale et régionale pour nos sources d’information.

Quelle est votre stratégie pour maintenir une ligne éditoriale résolument positive et authentique, en évitant les pièges du sensationnalisme ?

L’état d’esprit qui anime l’équipe fait tout. Ainsi que l’intention que nous mettons dans notre travail. Ce qui nous motive c’est de mettre en lumière des gens ordinaires qui accomplissent parfois des choses extraordinaires, c’est susciter des émotions positives dans notre public : admiration, joie, respect, exaltation, compassion, fierté, identification, espoir, inspiration, etc. Nos journalistes ont le talent de savoir créer un lien émotionnel fort avec les personnes qu’ils mettent en avant et avec notre public. C’est l’humain que nous cherchons. On ne cherche pas à être spécialement dans l’actualité et on laisse volontairement les sujets qui déchirent les Français pour se concentrer sur ce qui rassemble. 

Y a-t-il une thématique qui génère particulièrement de l’engagement ?

Nos plus grands succès sont souvent des portraits de gens qui font preuve d’une forme de résistance, et que l’on a appelle entre nous «les combattants». Ce sont des gens ordinaires qui font preuve de résilience face à la maladie, à des situations économiques ou sociales compliquées, relèvent des défis inattendus, tracent leur propre route. On a aussi bien le jeune Martin, qui a décidé à 15 ans de quitter l’école pour apprendre par lui-même l’ébénisterie pendant le confinement que Marie-Lou, 103 ans, qui tenait encore son bistrot en 2021.

Votre business model repose aussi sur le brand content. Comment ça se passe ?

Nous offrons l’opportunité aux marques de partager leur histoire et de véhiculer leurs messages à travers des contenus éditoriaux que nous diffusons ensuite sur neo. Au lieu d’imposer des publicités directes, nous nous efforçons de découvrir ce qui est véritablement intéressant chez ces marques pour ensuite le raconter à notre public. Nos clients sont très diversifiés : petites et moyennes entreprises, grands groupes, associations, fondations, et institutions

Vous venez aussi de lancer Lou, un nouveau media en ligne…  

En effet ! Lou est un média féminin généraliste, qui s’adresse à un public de femmes actives – 25 à 45 ans environ –  avec une attention particulière pour les social mums, ces mamans très connectées. Cette cible est assez unique dans le secteur des médias vidéo, où l’attention est souvent centrée sur les moins de 25 ans et la génération Z. Lou se distingue par sa propre équipe de rédaction, menée par Clémence Majani, qui tenait la chronique « La Mondaine » à «Quotidien», et Eglantine Despres, ancienne de BFM-TV. Le lancement de ce média a été rendu possible grâce à l’expertise de neo, dont nous avons pu tirer parti à de nombreux égards, y compris en termes d’équipes. Nous produisons quotidiennement 1 à 2 vidéos que nous diffusons principalement sur nos plateformes de prédilection, Instagram et Facebook. Notre approche consiste également à aller sur le terrain, notamment avec le format « Lou y était » où Clémence Majani interview à la volée des personnalités lors d’événements, concerts, soirées etc.

Quel est l’investissement mis en place pour émerger dans la jungle de contenus ?

Il est crucial d’être clairement identifiés, d’avoir une ligne éditoriale cohérente et de bien connaître notre public cible. Les réseaux sociaux nous offrent la précision nécessaire pour cibler notre contenu en fonction de communautés. De plus, l’algorithme favorise la régularité, c’est-à-dire que les utilisateurs ont besoin d’une exposition répétée à un média pour s’y attacher. Enfin, nous utilisons des techniques de ciblage publicitaire pour toucher plus efficacement notre audience.

Et la rentabilité ?

On s’en rapproche. On a atteint plusieurs points de rentabilité mensuelle l’année dernière mais nous avons fait le choix d’investir continuellement dans notre croissance. Nous visons à stabiliser le modèle d’ici deux ans.