A. DIDIER (Groupe TF1) : «Notre fiction rassemble et s’inscrit dans la vie des Français»

À la tête de la fiction française du Groupe TF1, Anne Didier détaille pour Média+ les grandes lignes de sa stratégie éditoriale. Entre diversification des genres, lancements de superproductions comme «Montmartre» ou «La Comtesse de Monte-Cristo», performances record des feuilletons quotidiens notamment sur TF1+ et accompagnement constant d’auteurs confirmés comme émergents, la responsable réaffirme l’ambition de la Une : proposer une fiction audacieuse et fédératrice, capable de rassembler toutes les générations.

Quelle est la singularité de la fiction de TF1 ?

Notre force, c’est une offre riche, variée et fédératrice. TF1 crée des marques fortes qui s’installent dans la durée, s’inscrivent dans le quotidien des Français et qui deviennent des rendez-vous ancrés dans la mémoire collective.

Comment gérez-vous l’équilibre des genres ?

Nous travaillons sur tous les registres. La saison dernière, nous avons lancé une vingtaine de nouveautés, et cette année près de 25. La diversité est totale : du policier aux comédies familiales ou romantiques, en passant par les superproductions comme «Cat’s Eyes», «Montmartre» ou «La Comtesse de Monte-Cristo». Nous proposons aussi des unitaires événementiels, et des fictions à dimension sociétale. Notre objectif reste d’allier la force d’un propos, avec la puissance de l’antenne pour générer des succès qui rassemblent et dont on parle.

Les partenariats avec des plateformes occupent quelle place ?

Ils sont de plus en plus présents, mais se décident au cas par cas, en fonction des projets. Parfois le partenariat se noue dès le développement, parfois plus tard. L’essentiel est d’établir des collaborations vertueuses pour servir l’ambition artistique et élargir la portée de nos productions. Ces coopérations nous permettent d’être encore plus ambitieux sur le plan créatif et de renforcer le rayonnement de nos projets.

Quel avenir pour les feuilletons quotidiens ?

Ils occupent une place centrale. Nous sommes leaders sur les cibles principales, et nous progressons auprès des jeunes, notamment avec «Plus belle la vie» et «Ici tout commence» qui affichent des records sur les 15-34 ans. En streaming, les résultats sont spectaculaires. : Par exemple, «Demain nous appartient» a généré 250 millions de vues cette année sur TF1+. Les feuilletons quotidiens sont même les fictions es plus consommées de notre plateforme. Ils constituent une porte d’entrée essentielle vers nos univers de fiction et participent à la fidélisation des téléspectateurs.

Quid de «Tout pour la lumière» ?

Nous en tirons un bilan positif : en moyenne 1 million de téléspectateurs, 20% de PDA FRDA, sans compter les audiences réalisées par Netflix. C’est une série conçue comme un arc unique de 90 épisodes. À l’issue de la diffusion, mi-octobre, nous ferons avec Netflix un bilan artistique et marketing pour évaluer une potentielle suite.

Comment accompagnez-vous les auteurs ?

Nous recevons chaque année plus de 1 500 projets. Ils sont systématiquement lus par deux personnes de l’équipe, qui compte 9 conseillers. Puis les projets sélectionnés font l’objet de discussions collectives. Nous travaillons avec des auteurs confirmés qui ont déjà signé de grands succès, mais aussi avec de jeunes talents, souvent repérés via le CEA ou la Fémis. Nous avons également noué un partenariat avec la cité des scénaristes pour accompagner les jeunes auteurs. C’est ce mélange d’expériences et de sensibilités qui alimente la créativité de TF1.

TF1 ose également aborder des sujets sensibles…

Nous ne cherchons pas à traiter des sujets de niche, mais des thématiques fortes qui résonnent avec la société. «Les Randonneuses» parlait du cancer, «Tout le bleu du ciel» d’Alzheimer, «Toulouse-Lautrec» du handicap, «Les Bracelets rouges» de jeunes malades. Ces séries montrent qu’il est possible d’aborder des sujets difficiles avec délicatesse, humour et émotion, et de créer ainsi une résonance collective. Cette saison, nous proposerons «Le Diplôme» sur les trajectoires de six adultes qui décident de passer le bac, et «Grandiose» sur les troubles de la conduite alimentaire chez les ados.

La comédie pure est-elle plus difficile à imposer ?

La comédie est exigeante mais nous en développons activement. Nous diffuserons des comédies policières («Marie-Line Incognito» actuellement en tournage, «Enquête en famille» en diffusion à partir du 2 octobre), des adaptations comme «Maison de retraite, la série», ou encore des comédies de Noël («Le Noël de M. Hubert», «Un Noël sans fin»). Nous explorons également la comédie romantique avec «La belle et le boulanger», en sélection à La Rochelle. La comédie reste un pilier important de notre stratégie éditoriale.

Avez-vous déjà trouvé votre prochain phénomène à la «HPI» ?

«HPI» est un cas unique, une véritable marque entrée dans l’histoire de la télévision. On ne remplace pas un phénomène. Mais chaque nouveau projet est conçu avec la volonté d’en faire un succès populaire. À chaque lancement, nous croyons à son potentiel et nous espérons que le public sera au rendez-vous.

Comment imaginez-vous la fiction TF1 en 2030 ?

Toujours dynamique, créative, audacieuse et fédératrice. Dans un monde où la consommation se fragmente, nous voulons continuer à rassembler toutes les générations autour de grandes histoires. L’ambition est de rester le moteur de la fiction française, capable d’innover, de surprendre et de marquer les esprits.