La Russie a annoncé vendredi préparer des mesures de représailles envers les médias américains après la décision de sa chaîne RT de se plier aux exigences de Washington en s’enregistrant comme «agent de l’étranger» dans le pays. «Il serait juste de définir des mesures de réciprocité qui permettraient de défendre les citoyens de notre pays contre l’ingérence flagrante qu’exercent les médias américains sur le territoire russe», a déclaré Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, chambre basse du Parlement. «Des mesures de réciprocité seront prises pour imposer les mêmes limitations que les Américains essayent d’imposer aux médias russes», a abondé le vice-président de la Douma, Piotr Tolstoï, cité par les agences russes.
La télévision RT, contrôlée par l’Etat russe, a annoncé jeudi qu’elle allait s’enregistrer en tant qu’«agent de l’étranger» aux Etats-Unis, se soumettant ainsi à la loi dite FARA (Foreign agents registration act), obligeant toute société représentant un pays ou une organisation étrangère à rendre régulièrement des comptes aux autorités américaines concernant ses relations avec cet Etat ou cette institution sous peine de voir ses comptes gelés. Selon RT, le ministère américain de la Justice lui a donné jusqu’à lundi pour se plier à ces exigences, que la chaîne a dénoncé comme illégales. RT a annoncé qu’elle allait les contester devant un tribunal. «Cette demande n’est pas seulement contraire à la loi, et nous allons le prouver en justice, mais également discriminatoire. Elle contredit les principes de démocratie et de liberté d’expression», a indiqué la rédactrice en chef de RT Margarita Simonian. «Cela nous prive de libre concurrence avec les autres chaînes internationales, qui ne sont pas enregistrées comme agents de l’étranger», a-t-elle ajouté, citée par RT. Cette chaîne est souvent accusée par Washington de servir d’organe de propagande au Kremlin. Elle a notamment été mise en cause en début d’année dans un rapport des services de renseignement américains portant sur l’ingérence présumée de Moscou dans la dernière campagne présidentielle américaine.
Le réseau social américain Twitter avait également décidé fin octobre d’interdire aux comptes de RT et de l’agence russe Sputnik de diffuser des contenus sponsorisés. Moscou avait dit regretter cette décision, estimant que Twitter était «victime de préjugés» sur les médias russes.
Le Kremlin a dénoncé à plusieurs reprises la «pression inédite» subie par les médias russes aux Etats-Unis, menaçant les médias américains opérant en Russie de leur imposer de nouvelles restrictions légales. Il s’agit notamment des médias Voice of America et Radio Free Europe/Radio Liberty, financées par le Congrès américain.