Avec l’iPhoneX, que l’on pourra déverrouiller d’un simple regard, la reconnaissance faciale devrait se
généraliser mais elle préoccupe les défenseurs des libertés publiques qui
s’inquiètent notamment de l’usage que pourraient en faire les forces de
l’ordre.
Le dernier smartphone d’Apple, qui sera dans les rayons le 3 novembre, doit
être en mesure de reconnaître le visage du propriétaire en trois dimensions,
grâce à une série de capteurs. Un système de déverrouillage censé remplacer le
bon vieux code secret.
Impossible de tromper l’appareil avec une photo, assurait la marque à la
pomme en présentant fièrement son système FaceID le mois dernier. Apple promet
que les données ne seront stockées que dans le téléphone et que le système est
impossible à pirater.
Malgré cela, les défenseurs de la vie privée craignent que l’arrivée de la
reconnaissance faciale dans un produit aussi vendu que l’iPhone banalise cette
technologie et ouvre la porte à une utilisation plus large par les forces de
l’ordre, les annonceurs publicitaires ou autres, d’autant que cet outil ne
fait l’objet d’aucune législation.
Même si « Apple a fait un certain nombre de bonnes choses pour (défendre) la
vie privée », la question dépasse le simple cas de l’iPhoneX, relève Jay
Stanley, de l’association de défense des libertés American Civil Liberties
Union (ACLU).
– Plus de la science-fiction –
« Il y a de vraies raisons de s’inquiéter du fait que la reconnaissance
faciale se fraye progressivement un chemin dans notre culture et qu’elle
devienne un outil de surveillance détourné » à de mauvaises fins, estime-t-il.
Cette technologie n’est déjà plus de la science-fiction en Chine, en pointe
sur le sujet. Dans les fast-foods, les universités, la lutte contre la
criminalité ou encore dans les distributeurs de papier toilette dans les
endroits publics, la reconnaissance faciale est largement utilisée pour
surveiller les citoyens.
Aux Etats-Unis, des chercheurs de l’université de Georgetown à Washington
ont découvert l’an dernier qu’environ 117 millions d’adultes aux Etats-Unis
figuraient à leur insu dans des bases de données permettant la reconnaissance
faciale, utilisées par les forces de l’ordre, fédérales et locales.
« On ne veut pas de policiers avec des caméras examinant les visages des
passants dans la rue » pour les comparer à leur liste de personnes recherchées,
insiste Jay Stanley.
Clare Garvie, qui a mené l’étude de Georgetown, pense aussi que même si
Apple a une approche responsable, d’autres pourraient être moins prudents.
« Ce qui m’inquiète, dit-elle, c’est que le public devienne indifférent ou
complaisant ».
Les bases de données examinées pour son étude comportaient beaucoup
d’erreurs, ce qui pourrait conduire des personnes innocentes à être confondues
avec des criminels, relève la chercheuse, qui s’inquiète aussi de ce que cet
outil puisse aussi servir à identifier des personnes ayant simplement
participé à une manifestation.