Du «Capitaine Fracasse» à «L’Horloger de Saint-Paul», en passant par «Salut l’artiste!», «Un éléphant ça trompe énormément» ou «Nous irons tous au paradis», Jean Rochefort, mort dans la nuit de dimanche à lundi, aura été l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français. L’acteur, qui avait été hospitalisé en août, est mort à 87 ans dans un établissement parisien, a annoncé sa fille Clémence. Il avait été hospitalisé une 1ère fois à l’été 2016 pour des douleurs abdominales. Son état s’était récemment aggravé. «Profonde tristesse. Jean Rochefort était un acteur élégant, attachant, populaire. Un grand maître», a réagi la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Récompensé par 3 César pour «Que la fête commence» (1976) de Bertrand Tavernier et «Le Crabe-Tambour» (1978) de Pierre Schoendoerffer, avant un trophée pour l’ensemble de sa carrière en 1999, l’acteur à la célèbre moustache avait aussi tourné une série diffusée l’an dernier sur France 5, «Boloss des belles lettres» dans laquelle il interprète des oeuvres du patrimoine littéraire en langage de la rue. Jean Rochefort apparaît dans près de 150 films et téléfilms, comédies comme films d’auteur. Libertin cynique dans «Que la fête commence» de Bertrand Tavernier, il a incarné un flegmatique valet anglais («Les Tribulations d’un chinois en Chine» de Philippe de Broca) comme un père de famille adultérin («Un Eléphant ça trompe énormément» d’Yves Robert) ou un personnage poignant d’animateur radio solitaire dans «Tandem» de Patrice Leconte. Durant plus d’un demi-siècle, il a promené sa longue silhouette, incarnant l’élégance à la française doublée d’un flegme légendaire et d’un humour pince-sans-rire. Il excellait tout autant dans les rôles dramatiques, avec son timbre de voix grave et pénétrant, immédiatement identifiable. France 3 lui rendait hommage dès lundi soir avec la diffusion du film de Patrice Leconte «Ridicule» (1996). Mardi soir, France 2 dédie sa soirée à cette figure incontournable du cinéma avec «Un éléphant, ça trompe énormément» (Yves Robert, 1976) à 20h55 et sa suite «Nous irons tous au paradis» (1977), à 22h45. «Je suis effondré… Après Noiret, le départ de Jean est très douloureux pour moi. Ils ont été les 2 acteurs qui m’ont permis de faire mon 1er film (ndlr : «L’Horloger de Saint-Paul» en 1974). (…) Il a été magnifique dans tous ses rôles», a confié Bertrand Tavernier. «J’appartiens au patrimoine. Il y a le jambon de Bayonne, Noiret, Marielle et moi», plaisantait l’acteur, père de 5 enfants de 3 unions, comédien éclectique, aussi pudique que passionné. Après la rue Blanche, il est entré au Conservatoire au début des années 50, avec Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer et Claude Rich pour copains de promotion. En 2000, Terry Gilliam l’enrôle pour «Don Quichotte», un rôle taillé sur mesure, mais une violente hernie l’oblige à se faire opérer: le tournage est interrompu. «Un rêve brisé… Un choc très dur. Je m’étais énormément impliqué dans cette entreprise et un petit nerf de quelques millimètres n’était pas d’accord», avait expliqué l’acteur. Finalement, Terry Gilliam a repris son projet : sans Jean Rochefort, le tournage commencé il y a 17 ans, s’est terminé en juin. «En fait, je suis un Don Quichotte de la réalité, pas fait pour être un Don Quichotte de fiction», disait ce grand amoureux du cheval, qui a à plusieurs reprises commenté les épreuves d’équitation à la télévision. A propos de la mort, Jean Rochefort avait déclaré en 2015 dans «Le JDD» qu’il «la sentait venir». «Il y a des moments où je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande, et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres», avait-il ajouté à l’occasion d’un entretien donné pour la promotion de l’un de ses derniers films, «Floride» de Philippe Le Guay où il incarne un octogénaire atteint de la maladie d’Alzheimer.
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