Yves GASSOT, Directeur Général de l’IDATE
La nouvelle édition du DigiWorld Yearbook sera présentée ce mardi salle Wagram à Paris. L’occasion de revenir sur les derniers enjeux détectés par l’IDATE concernant entre autres, les transformations numériques. Entretien avec Yves GASSOT, Directeur général de l’IDATE.
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Comment les opérateurs télécom s’invitent-ils sur le marché audiovisuel ?
Yves GASSOT
Plus que jamais, le contenu est roi. Préalablement, quand un studio d’Hollywood voulait exister en France, il devait passer un contrat avec un groupe de télévision. Aujourd’hui, si vous disposez des droits, vous pouvez à partir de quelques serveurs, offrir l’accès à vos films et séries sans avoir besoin d’Orange, TF1, Vodafone ou de la BBC. La qualité de l’Internet a vocation à s’améliorer et les règles de la Net neutralité permettent ainsi l’auto-distribution. On a bien vu comment Netflix pouvait partir à la conquête du monde. Face à cette situation, les plus gros des opérateurs comme ATT, plutôt que de se laisser contourner par Netflix ou par HBO Now remontent dans la chaîne de valeur et se lancent dans la production ou achètent des groupes comme Time Warner. De mon point de vue, ce n’est pas que de l’intégration verticale, mais aussi une diversification dans des secteurs qui peuvent apporter aux telcos quelques points de croissance.
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Quel est l’impact des politiques de concurrence soumises à l’industrie des télécommunications ?
Yves GASSOT
L’industrie des télécommunications est soumise à des politiques de concurrence qui donnent lieu le plus souvent à des guerres des prix qui se traduisent par un mouvement de déflation, et c’est particulièrement vrai en Europe. Deuxièmement, les opérateurs télécom sont dans une transformation radicale. La voix téléphonique représente aujourd’hui une portion congrue du business. Les applications sont sorties du réseau de télécommunications pour constituer les OTT (Over The Top). Les opérateurs télécom doivent redéfinir leur business model. Ils doivent au-delà des opérations de «cost-cutting», trouver les moyens de conserver des marges brutes conséquentes. Ce sont en effet des acteurs qui ont des obligations d’investissement de l’ordre de 12 à 16% de leur chiffre d’affaires pour investir dans la 5G et la fibre optique.
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C’est une économie qui semble assez tendue…
Yves GASSOT
C’est effectivement une économie assez tendue mais qui reste puissante. Quand vous regardez la totalité des revenus du secteur du numérique qui est à près de 3.600 milliards €, les télécoms représentent plus de 1.100 milliards €. Néanmoins le taux de croissance est devenu très modeste.
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La stratégie de convergence des télécoms va-t-elle se généraliser ?
Yves GASSOT
La première acceptation de la convergence est celle du fixe et du mobile, que ce soit au niveau des infrastructures que des offres commerciales. La deuxième interprétation de la convergence, c’est l’intérêt manifesté par les acteurs de télécommunication pour les contenus audiovisuels, soit pour distribuer des chaînes de TV ou des services de SVOD, soit pour investir directement dans la production. C’est ce que ATT cherche à faire en cherchant à prendre le contrôle de Time Warner. La tendance principale est celle de la globalisation de l’audiovisuel.