Toute personne qui s’estime lésée par une radio ou une chaîne de télé pourra demander à ce que le diffuseur soit mis en demeure par le CSA, a indiqué mardi le Conseil d’Etat. «Toute personne qui dénonce un comportement d’un opérateur portant atteinte à ses intérêts a la qualité pour demander au CSA de faire usage de son pouvoir de mise en demeure», explique le rapporteur du Conseil d’Etat dans une décision du 7 février, relevée par le «Canard enchaîné» à paraitre mercredi. Le Conseil d’Etat casse dans cette décision le refus du CSA d’examiner une demande de mise en demeure de Radio France, accusée d’avoir diffusé des publicités pour des marques. Radio France avait interdiction depuis 1987 de diffuser des pubs ne relevant pas de la «publicité collective et de l’intérêt général». Or, le militant écologiste Raymond Avrillier avait signalé au CSA à plusieurs reprises des publicités pour Vinci, EDF, le Crédit Agricole ou la Caisse d’Epargne sous la présidence de Jean-Luc Hees, entre 2012 et 2013. M. Avrillier, grand spécialiste des recours administratifs, demandait que le CSA engage une action contre Radio France. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel n’avait pas répondu à ses demandes, les mises en demeure étant selon la loi de 1986, qui établit les statuts du CSA, réservées aux organisations et non aux particuliers. Dans sa décision du 7 février, le Conseil d’Etat considère qu’en rejetant la demande de M. Avrillier, «le CSA a commis une erreur de droit qui justifie l’annulation de son refus». Le CSA va donc réexaminer la demande de mise en demeure de Radio France, a précisé une porte-parole du CSA. «Cette décision intervient sur un point de procédure», a-t-elle souligné. «La décision ne dit rien sur le fond et ne change fondamentalement pas notre façon de fonctionner». Tout particulier a déjà la possibilité de saisir le CSA, qui décide des suites à donner à toute saisine. Radio France, qui réclamait l’autorisation de diffuser ces publicités pour accroître ses ressources propres, a déjà été mise en demeure et mise en garde par le passé pour en avoir diffusé malgré l’interdiction. Mais depuis avril 2016, le groupe public a obtenu le droit de diffuser des publicités commerciales sur France Inter, France Info et France Bleu, sans dépasser 30’ par jour.