2016 a été une année fournie en matière de sports. A l’occasion de la sortie du rapport «Yearly Sport Key Facts 2016 » par Eurodata TV Worldwide qui analyse l’impact du sport à la TV, média+ s’est entretenu avec François GENDROT, Responsable d’études et de clientèle à Médiamétrie.
média+ : Quoi qu’il en soit, le sport reste-t-il le genre télévisuel le plus fédérateur ?
François GENDROT : À l’ère du multi-écrans, dès qu’il s’agit d’un grand événement sportif à regarder en direct, les gens sont massivement présents devant la télévision. C’est le support n°1. De gros événements sportifs dominent généralement sur les années paires tandis que des sports de moindre importance peuvent se mettre en avant sur des années impaires. Une analyse des 10 meilleurs programmes parmi 10 pays majeurs analysés dans le rapport «Yearly Sports Key Facts» révèle que 57 de ces 100 rendez-vous sont dédiés au sport. Comparativement à la saison précédente, ce chiffre est en nette hausse : +21 programmes.
média+ : La vertu du sport à la TV, c’est de pouvoir toucher potentiellement toutes les cibles ?
François GENDROT : Il y a toujours ce cliché de se dire que le sport n’intéresse que les hommes d’une certaine tranche d’âge. Mais dès qu’un gros événement est proposé, cela va bien au-delà. La preuve, en France, sur les enfants de 4 à 14 ans, la finale de l’Euro a attiré 2,3 millions de téléspectateurs pour une part de marché de 84%. Dès qu’il y a la notion d’Equipe nationale, cela touche toutes les populations.
média+ : Les JO reste-t-il la compétition n°1 en audience dans le monde ?
François GENDROT : Contrairement au football, les JO souffrent d’une dilution de son audience à cause du décalage horaire, mais aussi de sa diffusion en continu. Cette année dans l’Hexagone, les compétitions ont débuté à 13h pour terminer vers 3h. Cela s’est donc moins ressenti dans les chiffres. La finale du 100 mètres des JO en France a réalisé un pic d’audience de 745.000 téléspectateurs à 3h30 du matin et 44.3% de pda. En Finlande, les deux chaînes publiques YLE1 et YLE2 ont réalisé en moyenne une part d’audience de 35,4% sur les 375 heures dédiées à la compétition. Le Danemark n’était pas très loin derrière, puisque DR1 et TV2 ont culminé à 28,2% de part d’audience moyenne sur les 441 heures de diffusion. Même au Japon, séparé de 12h avec Rio, 7 chaînes ont réalisé une part d’audience moyenne de 20,7% sur un total de 422 heures.
média+ : En France, le foot est le sport n°1. Et dans les autres pays ?
François GENDROT : Chaque territoire a ses spécificités. Au Danemark, les 10 meilleures audiences de la saison ont été réalisées par des matchs de handball. Le ski alpin en Autriche cartonne. En Slovénie, on a vu un gros plébiscite du saut à ski qui atteint jusqu’à 88% de pda. En Asie, le football est dominant. Au Japon, la meilleure audience est réalisée par un relais marathon. En Turquie, 96% du sport consommé par les téléspectateurs sur les grandes chaînes généralistes était du football.
média+ : Du fait d’avoir eu 3 diffuseurs (TF1, M6 et beIN SPORTS) sur l’Euro de Foot, cela a-t-il redistribué les cartes ?
François GENDROT : Nous n’avons pas ressenti de forte redistribution de l’audience. Une finale de l’Euro qu’elle soit sur TF1 ou M6 ne changera pas vraiment le résultat. En France par exemple, la finale entre la France et le Portugal a réalisé la meilleure audience de l’année tous genres confondus. En additionnant les scores des deux diffuseurs M6 et BeIn Sports, la meilleure audience de tous les temps a été battue, atteignant 22,3 millions de téléspectateurs, le record pour un seul diffuseur restant la demi-finale de Coupe du Monde 2006 avec 22,2 millions de téléspectateurs.
média+ : L’audience d’un sport peut-elle varier en fonction d’une diffusion estivale ou hivernale ?
François GENDROT : C’est une question à laquelle on saura mieux répondre dans quelques années quand la Coupe du Monde de Football sera organisée au Qatar. Les JO d’hiver ont une moindre puissance que les JO d’été. La plupart des pays Nordiques sont sur le qui vive tandis que des territoires plus latins comme l’Espagne ne diffusent la compétition que sur une petite chaîne thématique.