Jacques CLEMENT, Président du SPECT (Syndicat des Producteurs Créateurs de Programmes Audiovisuels)
A l’occasion de la 4ème édition des Rencontres Professionnelles des Producteurs Créateurs de Programmes Audiovisuels, qui s’est déroulée hier matin, média+ s’est entretenu avec Jacques CLEMENT, Président du SPECT, Syndicat des Producteurs Créateurs de Programmes Audiovisuels.
media+
Une nouvelle ère s’ouvre-t-elle en matière de création originale à la TV ?
Jacques CLEMENT
Il y a un déficit de formats dans le monde entier, notamment en programmes de flux. Les producteurs français ont donc une carte à jouer. Seul bémol, pour que ces programmes de flux existent, il faut tourner des pilotes et les exposer. C’est un réel investissement. Or, les producteurs en France ne dégagent pas assez de marges pour investir dans de la Recherche & Développement. Hier matin, l’animateur-producteur Arthur nous expliquait qu’il pouvait se permettre d’investir dans le développement d’émissions (avec une équipe d’une dizaine de personnes) car il vendait beaucoup à l’étranger depuis 5 à 6 ans. Il assure même la production de programmes exclusivement dédiés à l’international.
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Les chaînes de TV étrangères prennent-elles plus de risque qu’en France ?
Jacques CLEMENT
C’est très variable. Des petits territoires comme Israël ou les pays Nordiques prennent plus de risques. Ces derniers ne peuvent pas se permettre de payer des droits mirobolants sur des formats blockbusters. Dès lors, les diffuseurs font confiance à des producteurs ingénieux qui leur proposent une créativité qui ne coûte pas très chère. Pour vendre à l’international, il est évident qu’un programme normalement bien exposé dans son pays d’origine se vend toujours mieux.
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Avec l’arrivée de Delphine Ernotte à France TV, l’audiovisuel public a-t-il encore un rôle à jouer dans l’innovation des formats ?
Jacques CLEMENT
C’est certain. D’ailleurs, j’ai entendu parler Delphine Ernotte de façon très positive et dynamique sur les programmes patrimoniaux. Je pense qu’elle a exactement la même opinion concernant le flux.
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Les programmes de flux sont-ils l’ADN des diffuseurs ?
Jacques CLEMENT
Bien sûr ! Et dans le monde entier. Les programmes de flux sont des marques qui façonnent une identité éditoriale tant en matière de jeux, de divertissements ou de magazines. Hier matin, Monica Galer, Présidente de FremantleMedia nous disait qu’entre 2000 et 2010, un format qui existait était visible dans le monde entier. Aujourd’hui, c’est très différent. Les téléspectateurs de chaque pays veulent voir des formats adaptés à leur culture locale.
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L’investissement dans le flux a-t-il baissé ces dernières années ?
Jacques CLEMENT
Oui, et de façon relativement importante. On peut considérer que l’investissement a baissé sur France Télévisions de 5% depuis 5 ans. L’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique ont dynamisé leur production de programmes de flux en réduisant leurs coûts de production pour demeurer compétitifs. Ces trois pays produisent des émissions de flux entre 37 et 43% moins onéreuses qu’en France. Cela s’explique par une flexibilisation du marché du travail, des charges sociales attractives (environ 20% aux Pays-Bas) ou encore des crédits d’impôts applicables au secteur