Didier LUPFER, Président de STUDIOCANAL
Hier matin au MIPTV, STUDIOCANAL a annoncé des prises de participation dans plusieurs sociétés de production indépendantes regroupant certains des talents européens les plus reconnus du secteur. A cette occasion, média+ s’est entretenu avec Didier LUPFER, Président de STUDIOCANAL.
media+
STUDIOCANAL accélère son développement dans la production de fictions en annonçant des prises de participation dans plusieurs sociétés indépendantes. Cet investissement se fait-il aux dépens de l’activité distribution ?
Didier LUPFER
Pas vraiment. Le premier pilier de STUDIOCANAL, c’est la distribution. Nous possédons l’un des plus importants catalogues au monde, avec plus de 5.000 titres internationaux. Nous avons réussi à développer en quelques années un important réseau de distribution en Europe, sans équivalent. On opère en direct sur la France, l’Angleterre, l’Allemagne, mais aussi l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui sont venus juste après. Quand nous travaillons sur ces territoires majeurs, on se rend compte qu’il existe une place extraordinaire à saisir en matière de création et de fédération de talents européens. L’Europe a une base historique culturelle sans équivalent. STUDIOCANAL est orienté sur les talents à la fois au niveau de la production et de la distribution, cinéma et télévision.
media+
Cela vous amène naturellement à vous renforcer en fiction…
Didier LUPFER
Absolument ! L’accélération se situe à deux niveaux : dans le cinéma et la télévision. Le petit écran est un relai de croissance complémentaire. Parmi nos dernières prises de participation, il y a Bambú Producciones, société basée à Madrid, dont STUDIOCANAL a acquis 33%, Urban Myth Films établie à Londres (20%) et Sunnymarch TV située également dans la capitale anglaise (20%). L’ensemble de ces opérations s’accompagne d’accords de distribution. Pour rappel, nous détenons via nos filiales de production, Tandem en Allemagne et RED Production Company en Angleterre ainsi que des participations dans SAM (Danemark) et Guilty Party (Royaume-Uni).
media+
En entrant au capital de nombreuses sociétés de production, quelle est votre logique ?
Didier LUPFER
Contrairement à d’autres structures qui rachètent des sociétés, nous ne faisons qu’entrer au capital de ces dernières pour mieux travailler avec elles. Nous voulons les aider à se développer. Nous nous donnons la possibilité de monter davantage au capital d’une société s’il le faut. En les accompagnant, nous souhaitons que les talents restent majoritaires dans leurs entreprises. Cela apporte une vraie dynamique.
media+
STUDIOCANAL développe et distribue des séries TV via Tandem en Allemagne («Crossing Lines», «Spotless») et RED Production Company en Angleterre («Happy Valley»). Quelle est votre politique en matière de séries ?
Didier LUPFER
Aujourd’hui, nous souhaitons nous adresser à tous les publics. C’est pourquoi nous travaillons déjà pour de la Pay TV, la télévision gratuite et les services OTT. La stratégie est de devenir un référent fort en Europe sur la production et la distribution de séries télévisées. Il y a une grosse place à prendre au niveau de la fédération des talents. Il faut être fort localement en création et être capable de développer des produits internationaux. Nous ne sommes pas là pour concurrencer directement les Américains.
media+
Tout ce que vous produisez a-t-il vocation à se vendre à l’étranger ?
Didier LUPFER
Pas du tout ! Nos partenariats sont d’abord locaux avec des sociétés qui sont fortes localement et doivent le rester avant toute chose.
