Raphaël DE ANDREIS (Havas Media Group) : «La « super bowlisation » de la publicité a de beaux jours devant elle»

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Raphaël DE ANDREIS, Président Directeur Général de Havas Media Group France

A l’issue de sa conférence annuelle du 17 février 2016, Havas Media Group lève le voile sur son bilan et apporte un éclairage sur les perspectives medias et digitales 2016, placées sous le signe de l’UX (L’Expérience Utilisateur). Les détails avec Raphaël DE ANDREIS, Président Directeur Général de Havas Media Group France.

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Quelle est la ligne de conduite de Havas Media pour l’année 2016 ?

Raphaël DE ANDREIS

Notre métier est de mettre la data au cœur de notre activité et de la travailler mieux que les autres pour ensuite proposer à nos clients des solutions marketing et des points de contacts qui vont créer de la valeur. Notre enjeu cette année est de passer de la data aux gens, c’est-à-dire de mettre des visages, des moments et des émotions sur ces données pour capitaliser au mieux l’expérience utilisateur.

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Considérez-vous le programmatique en TV comme un nouvel eldorado ?

Raphaël DE ANDREIS

Si la législation française s’adapte, le phénomène du programmatique en TV devrait démarrer par les chaînes du câble. Le programmatique permet l’automatisation de plus en plus généralisée des processus d’achat de la publicité en fonction du profil sociodémographique ou comportemental du foyer en train de visionner la télévision. Les petites chaînes ont des audiences très renseignées sur la consommation de leurs téléspectateurs. En parallèle, nous croyons aussi à la télévision non programmatique, premium, iconique sur des chaînes comme TF1, France Télévisions, Canal+ ou M6. Au moment de la mi-temps d’un match ou d’une coupure publicitaire, ce type de publicité sert à parler à tout le monde, en même temps, et à donner un statut d’icône aux marques.

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Se dirige-t-on vers deux types de modèles publicitaires ?

Raphaël DE ANDREIS

Deux grandes tendances vont se radicaliser. D’une part, il y a ce que l’on peut appeler une «super bowlisation» de la publicité qui a de beaux jours devant elle. Cette posture créative plus spectaculaire, notamment en format long et bien exposé, va être nécessaire pour que des marques restent des icônes. A l’autre bout du spectre, une publicité personnalisée, détaillée et informative va voir le jour pour un consommateur dont on connaît précisément le profil.

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Comment le secteur de la SVOD peut-il encore évoluer ?

Raphaël DE ANDREIS

L’enjeu n°1, c’est la facilité de l’usage de la SVOD. L’autre priorité, ce sont les droits. La SVOD va basculer dans une plus grande éditorialisation à l’avenir. Nous savons qu’environ 5% des programmes font 90% de l’audience. Le consommateur visionne donc assez vite ce qui l’intéresse. Les acteurs de la SVOD doivent revenir rapidement dans une dynamique de curation, de création et d’éditoriale, basée sur l’algorithme et la recommandation sociale pour stimuler un catalogue. Nous avons pris de l’avance sur ces réflexions avec MFG Labs, une société qui développe My Warner, plateforme online de fidélisation et de recommandation sociale.

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En matière de création, comment les groupes audiovisuels doivent-ils réagir face aux consommateurs ? 

Raphaël DE ANDREIS

La distribution doit obéir au consommateur. En revanche, la création doit leur désobéir pour proposer des choses qu’ils n’ont jamais vues avant. Les chaînes traditionnelles tentent de rester dans le jeu des nouvelles écritures en rachetant des sociétés prometteuses. C’est le cas de Canal+ qui a acquis Studio Bagel en apportant un vent de fraicheur. Ils ont le mérite de tenter des choses pour ensuite apprendre de leur succès et de leurs erreurs.