Inconnue du grand public, Audrey Azoulay se retrouve propulsée à 43 ans au ministère de la Culture, une nomination surprise pour cette proche de François Hollande, spécialiste du monde du cinéma mais sans expérience politique. Cette énarque a passé près de huit ans au Centre national du cinéma (CNC), où elle est entrée comme directrice financière en 2006, avant de devenir, de 2011 à 2014, la numéro deux de cet organisme en charge du système d’aide à la création cinématographique. Un profil qui jouera en sa faveur auprès du monde de la culture que Fleur Pellerin n’avait pas réussi à séduire.Passant pour avoir un tempérament énergique et enjoué, elle est nommée en août 2014, en pleine crise des intermittents du spectacle, conseillère de François Hollande chargée de la Culture et de la Communication en remplacement de David Kessler. Sa nomination inattendue jeudi au gouvernement rappelle à certains égards celle d’Emmanuel Macron, passé d’un poste de conseiller du chef de l’État à celui de ministre de l’Economie. «C’est une femme brillante et passionnée, une amie des artistes et de la création», a commenté la présidente du CNC, Frédérique Bredin, qui a travaillé avec Audrey Azoulay jusqu’en mai 2014. «Je ressens une immense joie personnelle ainsi que pour tout le cinéma et l’audiovisuel, qu’elle connaît si bien», a-t-elle dit. CV bien rempli : Fille d’André Azoulay, conseiller du roi du Maroc, la nouvelle ministre peut se targuer d’un CV bien rempli: énarque promotion Averroès en 2000, comme Fleur Pellerin, maîtrises de gestion à Paris Dauphine et à l’université britannique de Lancaster. Audrey Azoulay a aussi été magistrate à la Cour des comptes – comme Fleur Pellerin – après avoir occupé plusieurs fonctions à la Direction des médias du ministère de la Culture. Mais elle n’a jamais exercé de fonctions politiques. «De la Cour des comptes, Audrey Azoulay a la rectitude mais pas la raideur. Sa droiture l’impose, son sourire la fait aimer là où elle passe», a commenté sur Twitter Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. Si Fleur Pellerin passait pour être une spécialiste du numérique avec plus de 340.000 abonnés sur Twitter, Audrey Azoulay ne semble pas très connectée: elle n’a pas de comptes officiels sur les réseaux sociaux, même si un compte parodique a rapidement fait son apparition. La nouvelle occupante de la rue de Valois devra suivre jusqu’au vote définitif la loi «Création et patrimoine» en cours d’examen au Sénat. Surtout, elle pourrait retrouver prochainement l’épineux dossier des intermittents du spectacle, qu’elle a eu l’occasion de traiter à l’Élysée.