Christophe WINCKEL (MEZZO) : «Nous coproduisons 85% à 90% de nos contenus»

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Christophe WINCKEL, Directeur de Mezzo  

Seule offre mondiale entièrement consacrée à la musique classique, au jazz et à la danse à la télévision, les chaînes Mezzo célèbrent cette année leur vingtième anniversaire. Quelles sont leurs ambitions à venir ? Réponse avec Christophe WINCKEL, Directeur de Mezzo.  

média+ : Mezzo fête ses 20 ans en 2016. Comment va s’articuler la programmation ?

Christophe WINCKEL : Diffusée dans 55 pays auprès de 28 millions de foyers, Mezzo ne s’est jamais aussi bien portée pour ses 20 ans. Pour l’occasion, nous opérons un double mouvement. Le premier est patrimonial en revenant sur les grands moments de musiques filmées et les spectacles récents. C’est ce que nous faisons avec le contre-ténor Philippe Jaroussky, la danseuse Agnès Letestu, Laurent Bayle, directeur de la Philharmonie de Paris, Stéphane Lissner, directeur de l’opéra de Paris et Patrick Poivre-d’Arvor qui partageront leur passion dans de courtes pastilles diffusées en introduction aux programmes qu’ils ont choisis. Le public votera également dès septembre et établira sa propre sélection dans le catalogue. Deuxièmement, sur Mezzo Live HD, nous proposerons plus de directs, entre 35 et 40, et nous diffuserons encore plus rapidement les spectacles enregistrés quelques jours plus tôt.

média+ : Quelle est votre politique de productions, coproductions et d’achats ?

Christophe WINCKEL : Nous coproduisons 85% à 90% de nos contenus. Cela nous permet d’avoir des droits monde. Derrière cela, nous avons un stock de grande qualité. Nous assumons totalement nos 2ème et 3ème diffusion. Nous fournissons près de 33% de programmes inédits chaque année. Mezzo travaille avec 80 sociétés de production pour acquérir les droits de 350 heures de nouveaux programmes. Les autres coproducteurs peuvent être les institutions musicales et des diffuseurs comme Arte ou France Télévisions. On réfléchit pour 2017 à de nouveaux formats de programmes pour rendre le classique encore plus accessible et attractif, en particulier auprès des jeunes. Nous voulons développer des formats ambitieux qui mêleraient animation et spectacles filmés avec un chef charismatique.

média+ : Comment l’offre musicale «classique, jazz et danse» a-t-elle évolué en 20 ans?

Christophe WINCKEL : Il y a aujourd’hui une profusion de contenus. Sur nos chaînes, le jazz pèse 30%, la danse 10% et le classique (concerts et opéras) 60%. Nous sommes très exigeants du point de vue des affiches que l’on propose avec des artistes de premier plan. Pour autant, nous essayons d’être très simple dans la façon dont nous éditons les contenus. On ne veut surtout pas être des ayatollahs ou des musicologues qui feraient peurs aux non initiés. Le jazz, la danse ou la musique classique doivent parler à tout le monde. C’est ce que nous essayons de faire avec Mezzo une chaîne d’initiation, et Mezzo Live HD, une salle de spectacle.

média+ : Quelle est votre ambition en matière de distribution mondiale ?

Christophe WINCKEL : Les chaînes sont reprises par plus de 500 opérateurs dans le monde. Nous avons un prochain lancement de chaîne prévu en Corée du Sud. Sur ce pays, il y aura sûrement une localisation partielle du signal avec un partenaire coréen. C’est un marché très fermé pour ne pas dire protectionniste. Même si nous avons des contenus universels, il faut montrer patte blanche. Pour nous étendre encore plus, le Japon nous intéresserait. C’est un pays d’une richesse musicale folle. Mais là encore, c’est un territoire fermé alors que nous détenons des propriétés qui intéressent les mélomanes au Japon.

média+ : A qui s’adressent les chaînes Mezzo en 2016 ?

Christophe WINCKEL : Le public classique a un profil CSP+, 55 ans, et un peu plus masculin. Mais nos contenus doivent être accessibles à tout le monde, du mélomane au néophyte. Il y a un travail sur le marketing antenne et nous devons aller chercher les plus jeunes en ayant des opérations de promotion croisées avec les institutions musicales.