France Télévisions: le rapporteur du Conseil d’État se penche sur la nomination de Delphine Ernotte

381
Delphine Ernotte Cunci, présidente-directrice générale de France Télévisions, à compter du 24/08/2015

Le rapporteur public du Conseil d’État a recommandé, vendredi, de rejeter le recours de deux syndicats audiovisuels contre la nomination par le CSA de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. La décision a été mise en délibéré à une date non précisée. Les avis du rapporteur sont très souvent suivis. La CFDT-Medias et la CGC Audiovisuel mettent en cause «l’opacité» de la procédure de nomination de Delphine Ernotte considérant que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) était tenu de rendre public le nom des candidats. Ils estiment aussi que Mme Ernotte ne disposait pas de la compétence requise pour diriger France Télévisions, faute d’expérience dans le secteur de l’audiovisuel. Dans ses conclusions, le rapporteur a souligné qu’»aucun texte ne contraignait le CSA» à rendre public le nom des candidats. «L’expérience du pilotage stratégique, la conduite du changement et la pratique du dialogue social nous paraissent au moins aussi précieux à la tête d’un groupe comme France Télévisions que la connaissance pointue du secteur de l’audiovisuel», a-t-il ajouté, en évoquant le parcours professionnel de Mme Ernotte au sein du groupe Orange. Autre argument invoqué par les syndicats, le manque d’impartialité d’un des membres du CSA (Sylvie Pierre-Brossolette) qui aurait «noué des liens particuliers, sous la forme d’un déjeuner avec Mme Ernotte après le dépôt de sa candidature mais avant la délibération du CSA». Mme Ernotte «nie l’existence de ce déjeuner et tout contact avec Sylvie Pierre-Brossolette», selon le rapporteur. «Vous vous retrouvez donc dans la situation inconfortable où vous devez faire prévaloir la parole d’une des parties sur l’autre», a ajouté ce dernier en s’adressant au juge. Des arguments contestés par Me Yves Richard, avocat des syndicats, pour qui «le climat de suspicion demeure et que l’objectif de transparence et d’indépendance de la loi relative à l’indépendance de l’audiovisuel public n’est pas assuré». «Comment le CSA peut-il garantir un processus transparent en taisant le nom des candidats?» a-t-il plaidé. Défendant les intérêts de Mme Ernotte, Me Cédric Uzan-Sarrano, a quant à lui fait valoir que l’expérience de sa cliente «en termes de  télécommunications et de réseau est un argument majeur» en faveur de sa nomination. «Si des candidats de très grande qualité avaient été écartés au profit de Mme Ernotte, avec une erreur manifeste d’appréciation, ils auraient été les premiers à se manifester», a-t-il conclu.