Daniel BILALIAN, DGA en charge des sports à France TV

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    Avec le Tour de France, les championnats du monde de natation et les championnats du monde d’athlétisme, ou encore les matchs de préparation au Mondial du XV de France, France Télévisions s’engage dans le long tunnel de retransmissions sportives estivales. Entretien avec Daniel BILALIAN, DGA en charge des sports à France Télévisions.

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    Le marché TV du sport se restructure. Les chaînes gratuites à l’instar de France Télévisions sont-elles dans une démarche offensive en matière d’acquisition sportive ?

    Daniel BILALIAN

    Ces dernières années, les chaînes thématiques de sport se sont multipliées. Elles s’adressent essentiellement aux passionnés. Quant aux chaînes historiques et gratuites, elles offrent des événements de sport qui s’adressent à tous les publics. A ce jour, France Télévisions reste le plus grand terrain de sports en clair. Il s’agit d’ailleurs de notre slogan qui n’est absolument pas usurpé. Nous tentons d’acquérir des événements sportifs chaque année et nous venons d’attaquer un été particulièrement fourni. L’arrivée d’un nouvel intervenant sur le marché du sport payant, beIN SPORTS pour ne pas le citer, est un élément qui a modifié la nature de la situation concurrentielle. Or, les vendeurs d’événements sportifs se posent aujourd’hui une question déterminante : la non-retransmission d’un sport par la télévision gratuite ne va-t-elle pas justement limiter la visibilité de ce rendez-vous? Indubitablement, et dans cette même logique, les sponsors peuvent avoir cette même interrogation. Être vu par quelques milliers de téléspectateurs sur une chaîne thématique est une chose. Mais être suivi par des millions d’individus sur une chaîne gratuite, est un argument de poids

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    Les «événements de sport» peuvent-ils être convoités par la TV payante ?

    Daniel BILALIAN

    Tout est possible et envisageable ! C’est pourquoi nous devons sécuriser et pérenniser nos droits. Nous l’avons fait sur les Jeux Olympiques, renouvelés pour 2016 et 2020. Une partie de ces droits a été revendue à Canal+ car sur une compétition de ce niveau, les téléspectateurs ne sont pas les mêmes d’une chaîne à l’autre. La télévision gratuite est plébiscitée par le grand public. La concurrence de Canal+ ne va pas nous faire de tort. Et en même temps, sur le plan financier, la revente d’une partie des droits est non négligeable pour France TV.

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    Quelle est votre politique de consultants et de journalistes sportifs ?

    Daniel BILALIAN

    Nous essayons de conserver les consultants en place. Les chaînes thématiques peuvent se permettre de mettre à l’antenne un expert pas très connu du public. En revanche, comme nous nous adressons à un public généraliste, nous devons miser sur des professionnels connus du grand public. C’est le cas de Laurent Jalabert, Stéphane Diagana, Laure Manaudou ou encore Philippe Lucas. Une fois encore, notre public n’est pas un spécialiste du sport.

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    Quels nouveaux sports pourraient intéresser France Télévisions ?

    Daniel BILALIAN

    Depuis quelques années, nous regardons l’évolution de certains sports féminins, notamment dans le football et le rugby. Mais nous y allons de manière modérée car l’adage «diffusion = audience» est faux depuis le début. Vous avez des sports plus ou moins populaires et complexes. Sur ces derniers, nous n’y allons pas. De plus, nous avons des chaînes généralistes contraintes par des horaires dédiés. Nous devons aussi faire des choix. Pour rappel, notre actionnaire l’Etat n’a jamais autorisé France Télévisions à mettre sur pied une chaîne d’info sportive. Nous aurions pu le faire il y a une dizaine d’années, mais le marché étant ce qu’il est, il est trop tard.