France 5 : «Le sexisme en politique: un mal dominant» le 26 avril à 22h30

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Nathalie, Laurence, Cécile, Marine… ces femmes politiques, «héritières» ou «conquérantes», racontent dans un documentaire toujours avec humour et parfois crûment, le sexisme ordinaire dont elles sont toujours victimes 15 ans après la loi sur la parité. La législature actuelle a fourni moult exemples d’attaques machistes dans ce milieu, allant de députés imitant dans l’hémicycle les caquetages des poules quand une de leurs collègues prend la parole, au refus obstiné d’un élu de féminiser la fonction d’une présidente de séance de l’Assemblée en passant par l’émoi de députés devant une Cécile Duflot, ministre, vêtue d’une robe fleurie. Le documentaire, «Le sexisme en politique: un mal dominant», réalisé par Stéphanie Kaïm et produit par la journaliste Béatrice Schönberg et Elephant Doc, qui sera diffusé le 26 avril à 22h30 sur France 5, mêle images d’archives, témoignages de femmes politiques, d’historiens, de politologues, journalistes et des dessins de Jul. Le ton est humoristique et mordant pour mieux dénoncer la persistance du phénomène, même si depuis la loi sur la parité les femmes sont entrées en plus grand nombre au Parlement et dans les assemblées locales. Sans langue de bois, les femmes interrogées racontent leurs mésaventures, leur façon de répliquer. Il y a les «héritières», Roselyne Bachelot (UMP), Marine le Pen (FN), Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), qui ont suivi la voie de leur père. Et les «conquérantes», les «filles de la parité», comme Cécile Duflot (EELV) Barbara Pompili (EELV), Chantal Jouanno (UDI), Laurence Rossignol (PS) et Samia Ghali (PS). «Barbie fait de la politique, j’y ai eu droit», confie Barbara Pompili, co-présidente des députés écologistes. Cécile Duflot raconte que lorsqu’elle était numéro un de EELV, face à un cacique du PS chargé des relations avec les partis partenaires, qui semblait gêné, elle lui avait lancé: «imagine moi en homme, vieux, avec une paire de couilles, et ça ira mieux!». Anecdote de la secrétaire d’Etat Laurence Rossignol, alors sénatrice. Elle conduit une délégation de sénateurs. On lui demande si elle est «l’assistante» de l’un de ces messieurs. «Non, je suis leur auxiliaire de vie!», avait-elle rétorqué. Toutes dénoncent le procès en incompétence qui leur est fait a priori. «Etre une femme en politique, c’est repasser l’oral du bac toutes les semaines», juge Mme Rossignol. «J’ai entendu des choses du genre: elle est pas intéressante mais au moins elle est jolie à regarder», se souvient Chantal Jouanno. Roselyne Bachelot relève que face à «une femme en politique, on se demande toujours si elle a couché pour y arriver et avec qui de préférence». 

NKM revendique ses stilettos, ne veut pas se départir de sa féminité, mais ne rechigne pas à la bagarre. En politique «les hommes se battent entre eux très durement» et là «voyant arriver les femmes, ils se disent: non pas elles en plus!». Marine Le Pen reconnaît «jouer assez bien dans les jeux d’hommes». «Je n’apparais pas comme une jeune femme fragile, je ne suis pas fluette, j’ai un physique qui me sert dans ce monde d’homme», explique celle qui a suivi auprès de son père, Jean-Marie, «une formation continue» en politique. Seul homme politique à témoigner dans le documentaire, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), décrit la sphère politique comme une «cage aux fauves» où «tout le monde se bat, hommes et femmes». Pour lui, il ne faut pas se tromper, les femmes en politique «ne sont pas des petites choses fragiles», mais «des guerrières avec des bâtons à clous». «La politique est un lieu de pouvoir et de cruauté. La durée de survie est à peu près la même que sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute», renchérit Mme Bachelot.