Canal J, la première chaîne jeunesse en France, lance le 21 mars une adaptation de la bande dessinée «Zap’ Collège» (Téhem, aux éditions Glénat), qu’elle a co-produite, un créneau qui lui réussit bien et qui lui permet notamment de faire la différence avec ses nombreux concurrents .
«Zap collège» qui est une adaptation d’une bande dessinée, ce qui semble être un créneau qui réussit à Canal J?
Pierre Belaïsch : Tout à fait! Les raisons sont simples. L’humour, la drôlerie, la modernité, le regard amusé et d’auto dérision que l’on retrouve dans la bande dessinée de Téhem fait qu’il y a des valeurs intrinsèques, qui ont fait que notre choix s’est porté sur une série d’animation «Zap’Collège».Deuxièmement, ce sont des raisons d’ordre stratégique et patrimoniale. Le fait de se porter co-producteur, de façonner la série à partir de la BD de Téhem, cela nous permet de véritablement préempter un territoire, qui est un territoire très proche de celui des enfants, car ce sont des héros de papiers que l’on aide à devenir des héros de dessins animés.
média+ : Canal J axe sa politique sur la production française, pourquoi et à quelles valeurs correspond-elle ?
Pierre Belaïsch : Il y a des raisons d’ordre purement social, car la production française est essentiellement liée à des personnages issus d’un univers à notoriété forte, de l’édition. Nous savons qu’il y a un véritable terreau que les français aujourd’hui dominent très bien, car la liste est devenue longue. De «Lucky Luck» jusqu’au «Marsupilami», en passant par «Titeuf», «kid Paddle», «Spirou et Fantasio», aujourd’hui «Zap’ collège» et prochainement «Franky snow» il y a un véritable savoir-faire et une véritable passerelle qui s’est faite entre l’univers de l’édition et l’univers de l’animation. Force est de constater que le local, lorsqu’il est bien produit et bien réalisé, c’est ce qui marche le mieux sur le territoire français. Des programmes comme «Titeuf» ou «Kid paddle» sont des véritables succès d’audience et sont capables de faire la différence, ce qui ne veut pas dire que les programmes étrangers ne sont pas de bons programmes. La troisième raison c’est que l’apprentissage a été tel, tant dans les concepts que dans l’originalité du graphisme, du design et du projet, que la production française est devenue un fournisseur avec lequel il faut compter à l’échelon international. La production française est le troisième fournisseur de dessins animés à l’échelon de la planète avec les Etats-Unis et le Japon.
média+ : Quelles sont les retombées pour le co-producteur qu’est Canal J sur le marché international ?
Pierre Belaïsch : On entre dans une équation qui peut être un tout petit peu délicate, car un producteur français qui se frotte à l’univers international doit faire ses preuves et être particulièrement bon dès lors qu’il va travailler avec «Cartoon Network» aux Etats-Unis, ce qui est le cas de producteurs comme MethodFilm, Moonscoop, Marathon ou Futurikon. Nos projets français sont mieux et plus rapidement financés, il sont plus éprouvés car nos collègues étrangers, et non moins concurrents, sont difficiles à convaincre, ça donne donc une discipline et ça nous permet de récupérer des projets comme «Martin Mystère» qui sont des programmes à l’échelon international de premier choix. L’autre facette, c’est qu’il ne faudrait pas, alors même que les réseaux internationaux sont présents également sur le territoire français, que les fenêtres qui sont réservées aux co-producteurs, ou co-financeurs que nous sommes, nous échappent pour venir servir une antenne locale en France qui fait partie d’un réseau international basé au Etats-Unis. Le danger, c’est à faire trop envie, à être trop qualitatif, ou trop attractif, ça peut nous exposer à une fuite de programmes, et à des financements totalement étrangers par le réseau pour lequel nous n’avons pas pu garantir une fenêtre pour Canal J qui gère Filles TV ou Gulli. C’est déjà arrivé.
média+ : Quelles sont les nouveautés à venir que vous pouvez nous annoncer ?
Pierre Belaïsch : Deux nouvelles adaptations de bandes dessinées arrivent à la rentrée. Premièrement «Franky Snow» issu des éditions Glénat et dessiné par Buche. Et les ineffables «Spirou et Fantasio» dans de nouvelles aventures inédites produites par Dupuis.