A 60 ans, J.K. Simmons a reçu dimanche l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation haletante et terrifiante dans «Whiplash» d’un professeur de musique tyrannique, consacrant une carrière entre cinéma et télévision. «Appelez votre maman, appelez votre papa. Si vous êtes assez chanceux pour que l’un de vos parents, ou les deux, soit encore en vie, appelez-les!», a-t-il déclaré sur la scène du Dolby Theatre, où se déroulait la cérémonie des Oscars, l’acteur originaire de Detroit (nord des Etats-Unis). Il faisait face à Robert Duvall («Le Juge»), Ethan Hawke («Boyhood»), Edward Norton («Birdman») et Mark Ruffalo («Foxcatcher»).
Dans «Whiplash», il joue Fletcher, un professeur d’une école de musique d’élite évoquant la Julliard School de New York. Il remarque Andrew, un jeune batteur de jazz prometteur qui vient d’intégrer l’école et le choisit pour l’orchestre qui va participer à une compétition dans tout le pays. Fletcher caresse d’abord ses nouvelles recrues dans le sens du poil, les traitant comme des élus, afin d’établir la confiance, et de gagner leur admiration. Puis, jouant de l’esprit de compétition, il les retourne, les manipule, les insulte et les blesse, mentalement et physiquement. Il justifie par exemple le fait d’avoir lancé une cymbale à la tête d’Andrew (Miles Teller) en affirmant que c’est ainsi que Charlie Parker est devenu une légende. Le film de Damien Chazelle parle «de combien (d’effort) est trop demander pour atteindre l’excellence. Je n’aurais pas supporté d’étudier sous la houlette de mon personnage, je serais parti ailleurs faire de la batterie», admettait le comédien devant des journalistes après le prix des acteurs de Hollywood (SAG Awards) pour le meilleur second rôle.
Outre l’Oscar, le SAG, le rôle de Fletcher a valu un Golden Globe, un BAFTA (prix du cinéma britannique) et une brassée d’autres prix au comédien aux yeux bleus et aux oreilles décollées. C’est sa plus haute reconnaissance au cours d’une carrière amorcée il y a plus de trente ans qui l’a vu passer constamment du grand écran au petit, du court au long-métrage. Devenu un visage familier au cinéma, il s’est toutefois rarement trouvé en haut de l’affiche.
Cette nomination puis victoire aux Oscars «ne serait pas arrivée quand j’avais la vingtaine car j’étais encore en train de comprendre comment on fait (ce métier) et c’était douloureux, plus pour le public que pour moi d’ailleurs», a-t-il dit avec auto-dérision devant des journalistes lors d’un déjeuner pour les finalistes aux Oscars début février. «Je me suis accroché (…) j’ai appris comment on fait d’abord sur scène (au théâtre) pendant longtemps», raconte celui qui a grandi entre l’Ohio et le Montana dans le nord des Etats-Unis, avant de passer aux plateaux de cinéma ou de télévision, prêtant aussi fréquemment sa voix aux doublages de films d’animation. Depuis, J.K. (pour Jonathan Kimble) Simmons a tout joué: un psychiatre (Emil Skoda dans la série «New York Cour de Justice»), un néo-nazi dans la série sur la violence dans les prisons «Oz», un policier («The Closer»), un rédacteur en chef («Spider-man»), les pères de famille… Il a travaillé plusieurs fois avec le réalisateur Jason Reitman qui l’a fait tourner dans «Thank you for Smoking» (2005), «Juno», où il jouait le père d’Ellen Page, «Up in the air», avec George Clooney, Anna Kendrick et Vera Farmiga, et «Men, Women and Children» (2014).