Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a mené une réflexion relative à la période 2008 à 2013 sur la façon dont les jeunes âgés de 13 à 24 ans appréhendent les médias traditionnels et en usent. A cette occasion, média+ s’est entretenu avec Françoise LABORDE, Membre du CSA.
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Les habitudes de consommation médias chez les jeunes sont en augmentation. Quelle analyse en faites-vous ?
Françoise LABORDE
La génération Y est une génération particulièrement connectée qui est née avec des smartphones et des tablettes dans leurs mains. Naturellement, cette situation a des conséquences en termes de consommation et de comportement. La connexion aux médias est permanente et sur tous les écrans. Il est pratiquement impossible pour les 13-24 ans de ne pas être connectés. L’image de l’adolescent seul dans son grenier avec un livre n’est pas encore à ranger au rayon des vieilleries mais elle est en perte de vitesse. Entre 2008 et 2012, le nombre de connexions par jeune avec un média ou une activité multimédia (radio, télévision, presse, cinéma, musique, jeux vidéo, téléphone) a progressé de 24%.
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Comment les 13 à 24 appréhendent-ils les médias traditionnels ? Sont-ils aguerris ?
Françoise LABORDE
Plus que jamais ! Ils sont capables de multiplier les usages connectés en regardant la télévision ou en surfant sur internet. En moyenne, les jeunes ont près de 50 contacts médias par jour. C’est un nombre significatif. Les jeunes écoutent la radio le matin et regardent la télévision le soir avec une présence sur internet fixe dans leurs usages dès 14h00 et de manière continue et progressive jusqu’à 22h30. L’usage du téléphone mobile s’accentue. Il devient plus fréquent dès 7h00 du matin et franchit le cap de 10%. Il se maintient au-dessus de ce seuil jusqu’à 23h00 avec des pics à 25% voire 30% à 12h00, 18h30 et 21h30.
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Poursuivez-vous votre réflexion sur le genre «téléréalité» ?
Françoise LABORDE
Oui absolument. Cela fait partie des programmes que l’on regarde avec beaucoup d’attention. Pour la 1ère étude datant de 2011, nous avions proposé un certain nombre de préconisations qui sont toujours d’actualité à coté de la signalétique classique pour protéger le jeune public, et des préconisations concernant les conditions de tournage. Déjà en 2001, le Conseil avait imposé la fameuse «salle CSA» permettant un peu d’intimité aux participants de téléréalités. Avec l’évolution du genre, nous avons demandé un accompagnement psychologique des candidats, avant, pendant, après. Dans le cadre d’un casting, nous demandons dorénavant qu’il n’y ait pas de personnalités fragiles psychologiquement. Enfin, les candidats ne doivent jamais être dans des situations où ils pourraient être en périls, où il pourrait y avoir atteinte à leur intégralité physique et morale.
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Les chaînes françaises prennent quand même des précautions sur la téléréalité…
Françoise LABORDE
Je suis absolument d’accord. Et de manière générale, nous observons que les téléréalités qui rencontrent le plus de succès, sont généralement les plus bienveillantes comme «L’Amour est dans le pré».