La ménagère de -50 ans plus que jamais une référence !

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Nourrie de séries américaines, la ménagère de moins de 50 ans, qui reste l’obsession des grandes chaînes télé, est devenue un experte en séries et a besoin de fiction française à la hauteur, a souligné le porte-parole de la Guilde des scénaristes, Jean-André Yerles. A l’occasion du Festival de la fiction TV à La Rochelle, la Guilde des scénaristes a organisé jeudi un débat sur l’audience sous le titre choc : «la ménagère de moins de 50 ans est-elle une connasse ?» «Responsable des achats du ménage, la ménagère a droit de vie et de mort sur les fictions télés. Elle est l’obsession des régies publicitaires et le cauchemar des professionnels de l’audiovisuel. Les chaînes veulent être sûres de la toucher, même sur le service public. Mais la ménagère a changé. Depuis dix ans, on lui a donné une super-drogue : des milliers d’heures de séries américaines, et elle sait maintenant ce qu’est une bonne série», a expliqué Jean-André Yerles. Ce scénariste de 45 ans a écrit des épisodes pour des séries aussi diverses que «Julie Lescaut» (TF1), «Fais pas ci, fais pas ça» (France 2) et «Le Train» (Canal+) ou encore celui du film «La Cage dorée». «Nous avons maintenant un public qui est devenu expert et ne supporte plus les productions sans identité. On ne peut plus le berner. Et les chaînes historiques en ont pris conscience», dit-il. Quand ils proposent un texte, les scénaristes doivent le réécrire de nombreuses fois pour satisfaire les chaînes, qui «nous font pas assez confiance», s’agace-t-il. «Souvent, elles sont séduites par un projet original, mais au fil de l’écriture gomment l’audace qui leur avait plu au départ». «Mais je suis hyper-optimiste pour les années à venir, qui vont être beaucoup plus intéressantes artistiquement. Dès cette année on voit des changements, avec des séries comme «Les Hommes de l’Ombre» (une série politique qui revient sur France 2), «Les Revenants» sur Canal+, «Ainsi soit-il» sur Arte ou encore «Falco» sur TF1. «Nous attendons beaucoup du service public», a-t-il ajouté. La Guide des scénaristes, seul syndicat à défendre cette profession, vient de remporter plusieurs succès: elle a obtenu en début d’année une convention collective, qui encadre les relations contractuelles avec les chaînes, et signé avec France Télévisions une charte de développement, qui balise les étapes de l’écriture où la chaîne peut intervenir dans le processus de création.