Didier BRUNNER, Président de la commission cinéma du Syndicat des Producteurs de Films d’Animation

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Le succès du cinéma d’animation sur le marché français et international n’est plus à démontrer. Quels sont aujourd’hui les nouveaux enjeux du secteur ?
Didier BRUNNER
Le nouveau défi est de continuer à faire exister le cinéma d’animation, à renforcer sa présence et sa performance sur le marché international avec une meilleure exportation. Côté distribution en salles, nous devons améliorer la part de marché du cinéma d’animation français et européen. Le genre représente aujourd’hui 15% des entrées en salles en France, contre 10% il y a une décennie. Enfin, les films d’animation doivent être mieux positionnés sur les antennes de télévision. Peut-être doit-on se battre pour que des cases dédiées au cinéma d’animation s’ouvrent sur France TV.
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Les producteurs du cinéma d’animation français peuvent-ils faire face à la puissance des studios américains et à leurs conséquents budgets ?
Didier BRUNNER
Aujourd’hui, nous avons effectivement du mal à faire face à la puissance américaine. Un film d’animation produit par des studios hollywoodiens se situe entre 65M$ et 150M$ contre 8 à 9M€ en France. Mais les studios français se distinguent par leur expertise, leur forte capacité d’innovation, une ouverture d’esprit mise au service d’une créativité clairement distincte du modèle des studios américains. Nous réalisons des films de producteurs indépendants associés à des auteurs alors qu’aux États-Unis leur démarche est différente.
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De nouveaux moyens peuvent-ils être mis en œuvre pour améliorer le financement du cinéma d’animation ?
Didier BRUNNER
Le seul moyen pour améliorer le financement d’un film est de pouvoir convaincre de nouveaux investisseurs privés. A ce jour, des groupes audiovisuels tels que Pathé, Gaumont ou Studio Canal commencent à s’intéresser de près à l’animation et à se positionner sur la distribution et la production d’un ou deux films par an. Il y a également l’apport des télédiffuseurs, essentiellement porté par Canal+ et France 3 Cinéma.
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Pourquoi est-il si compliqué de financer un film d’animation au-delà de 10M€ ?
Didier BRUNNER
Parce que le modèle économique est tel qu’il faut réunir entre 800.000 et plus d’1 million de spectateurs en salles pour amortir le coût d’un film au budget de 10M€. Il faut savoir qu’en moyenne, le nombre de spectateurs en salles sur la totalité des films d’animation sortis les 10 dernières années, se situe entre 300.000 et 350.000 spectateurs.