Pratiques de la presse britannique : enquêtes policières et parlementaire

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La commission Leveson qui publie jeudi un rapport très attendu sur les pratiques de la presse britannique, dans le sillage du scandale des écoutes téléphoniques au Royaume-Uni, a mené ses auditions parallèlement avec des enquêtes de la police et des députés.  
LES ENQUETES DE POLICE: La police a lancé plusieurs enquêtes dans ce scandale qui a coûté leurs places à trois hauts responsables de Scotland Yard, dont son patron, Paul Stephenson, critiqué pour ses liens trop étroits avec le tabloïde «News of the World» (NotW).
– L’opération Weeting: elle porte sur les écoutes téléphoniques pratiquées par le tabloïde de Rupert Murdoch fermé en juillet 2011. Le NotW est soupçonné d’avoir piraté les messageries téléphoniques de centaines de victimes.Vingt-cinq personnes ont été interpellées dans le cadre de cette enquête. Huit d’entre elles ont été inculpées pour «interception illégale de communications». Parmi elles, l’ancien directeur de la communication du Premier ministre David Cameron et ex-rédacteur en chef du NotW, Andy Coulson, ainsi que Rebekah Brooks, autre ancienne rédactrice en chef du tabloïde et amie de David Cameron. Rebekah Brooks a par ailleurs été inculpée avec six autres personnes, dont son mari Charlie Brooks, pour «entrave au cours de la justice», soupçonnées d’avoir tenté de dissimuler des documents à la police dans l’enquête sur les écoutes. Un procès doit se tenir le 9 septembre 2013.
 – L’opération Elveden: elle porte sur des pots-de-vin que des journalistes auraient versés, notamment à des policiers et à des membres du ministère de la Défense, en échange d’informations. Elle a débouché jusqu’à présent sur 52 interpellations et concerne également le Sun, autre tabloïde du groupe NewsCorp. Six personnes, parmi lesquelles Andy Coulson et Rebekah Brooks, cette fois en tant qu’ancienne rédactrice en chef du Sun, ont été inculpées dans ce volet de l’affaire.
– L’opération Tuleta: elle concerne des soupçons de piratage d’ordinateurs, et a conduit à 18 interpellations. Aucune inculpation n’a eu lieu jusqu’ici.
LA COMMISSION PARLEMENTAIRE SUR LES MEDIAS: Au terme de plus de neuf mois d’auditions, la «Commission culture, médias et sport» de la Chambre des Communes a publié un rapport en mai 2012, dressant un réquisitoire sans appel contre le magnat Rupert Murdoch et son fils James. La commission a jugé que le premier avait «fait preuve d’un aveuglement délibéré sur ce qui se passait dans ses sociétés et publications», concluant qu’il n’était «pas apte à assumer la direction d’un grand groupe international». Elle a aussi estimé que James, qui était à la tête de la société News International chapeautant les journaux britanniques du groupe Murdoch, avait «volontairement ignoré» ce qui se passait, et mis en cause «sa compétence». Les Murdoch père et fils avaient comparu ensemble devant les parlementaires le 19 juillet 2011. Au cours de l’audition, l’octogénaire avait été la cible d’un entarteur et sa femme Wendi avait bondi à sa rescousse. Le 10 novembre, James Murdoch, convoqué une nouvelle fois devant les députés, avait de nouveau nié avoir connu l’étendue des écoutes téléphoniques. Un député travailliste l’avait traité de «chef mafieux». La commission accuse aussi News of the World et News International de l’avoir «trompée» sur «la vraie nature et l’étendue des investigations qu’ils ont affirmé avoir menées sur les écoutes téléphoniques». Trois anciens responsables du groupe sont menacés de sanctions pour ces motifs.