La «scripted reality» inonde les chaînes françaises

Audiences, coûts de production, mode d’écriture des scénarios, publics visés, sujets traités: quelles sont les caractéristiques de la «scripted reality», ces fictions à l’allure de reportage de plus en plus présentes sur les chaînes françaises ?
Le cabinet NPA Conseil relève deux grandes tendances en France: la scripted reality («réalité scénarisée», également dénommée «fiction du réel») «bouclée» et la fiction «feuilletonante».  
Dans le cas de la scripted reality «bouclée», ce sont souvent des reconstitutions de faits réels (faits-divers, problèmes conjugaux ou familiaux), jouées par des comédiens. Une voix off commente les scènes, et les dialogues sont écrits. Il n’y a pas de lien entre les épisodes. «Le jour où tout a basculé» (France 2) ou «Face au doute» (M6) entrent dans cette catégorie.
Principalement diffusée sur les chaînes historiques (France 2, France 3, M6, TF1), elle vise les femmes de moins de 50 ans.
La fiction «feuilletonante» se retrouve davantage sur les chaînes de la TNT et vise un public beaucoup plus jeune. Elle emprunte les codes de la téléréalité, puisque les dialogues, principalement axés sur la séduction et le sexe, sont improvisés. Certains comédiens sont d’ailleurs d’anciens participants d’émissions de téléréalité. «Hollywood girls» sur NRJ12 entre dans cette tendance.
Côté audience, le public est au rendez-vous puisque ces formats enregistrent une audience supérieure à la moyenne de la case de diffusion, selon NPA Conseil.
Le format, traditionnellement diffusé à des cases auparavant dédiées à des séries, est peu coûteux.
Une chaîne historique débourse 40.000 euros pour un épisode de 26 minutes et une chaîne de la TNT 30.000 euros, selon NPA Conseil. En comparaison, un épisode de 26 minutes de «Plus belle la vie» coûte 100.000 euros. 52 minutes de «Fais pas ci, fais pas ça» revient à 800.000 euros.
La chaîne publique France 2 a été la première à lancer ce format en France avec «Le jour où tout a basculé» (juillet 2011), qui reconstitue des histoires basées sur des faits réels. Lors de son lancement, l’émission quotidienne était regardée en moyenne par 1,5 million de téléspectateurs (15,1% de part d’audience), selon l’institut Médiamétrie. Depuis la rentrée, 742.000 personnes (11,5%) la suivent.
France 3 a emboîté le pas avec «Si près de chez vous», ainsi que TF1 («Au nom de la vérité», «Mon histoire vraie») et M6 («Face au doute»). La première saison de «Hollywood girls», lancée en mars, a été regardée par 293.000 personnes. La saison 2 attire en moyenne 400.000 téléspectateurs, selon Médiamétrie.