«Lex Google»: vives critiques de la communauté Internet allemande

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La communauté Internet allemande, réunie à Hanovre pour le salon spécialisé Cebit, protestait mardi contre un projet de Berlin d’obliger Google mais aussi certains sites d’actualités à rémunérer les grands éditeurs de presse. «Ce projet est totalement rétrograde», s’est indigné Bernhard Rohleder, directeur général du Bitkom, fédération allemande des professionnels de l’informatique. «Nous comprenons que les éditeurs cherchent de nouveaux revenus» face au défi de l’internet et de la gratuité, mais cette taxe «ne peut se substituer au développement de vraies stratégies pour l’ère numérique», a-t-il estimé. Le projet de loi, rebaptisé par ses détracteurs «Lex Google» car il vise principalement le service «Google actualités» du géant américain, vient d’être entériné par la coalition constituant le gouvernement d’Angela Merkel, qui réunit les libéraux du FDP et les conservateurs de la CDU/CSU. Comme le réclament depuis longtemps les grands groupes de presse allemands tels que Axel Springer et Bertelsmann, le gouvernement va présenter aux députés allemands une loi qui obligera à l’avenir Google en particulier, mais aussi certains blogs et sites spécialisés à rémunérer les éditeurs des journaux vers lesquels ils proposent des liens. L’argument des éditeurs: le lecteur de «Google Actualités» peut se contenter de lire les résumés présentés sur la page pour s’informer, sans forcément cliquer sur les liens et donc accéder aux sites des journaux eux-mêmes. Le géant américain, qui se rémunère via la publicité, profite ainsi du travail des rédactions sans débourser un sou. L’argument des opposants à ce projet, qui exceptionnellement voit Google et la communauté des défenseurs des libertés sur internet parler d’une seule voix alors qu’ils sont plutôt habitués à s’affronter, est que les éditeurs veulent se faire payer pour des services qui leur font en réalité de la publicité.