L’arrivée en France de la TV connectée, un risque pour les chaînes traditionnelles (Boyon)

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L’arrivée en France de la télévision connectée à Internet représente un risque pour les chaînes de télévision traditionnelle, a estimé jeudi le président du CSA Michel Boyon, à l’occasion de l’installation de la Commission de suivi des usages de cette nouvelle technologie. 

«Oui, c’est un risque, parce que cela contribue à la fragmentation des audiences. Parallèlement, les images qui peuvent arriver directement par la TV connectée ne contribuent pas au financement de la création», a-t-il dit, en marge de la conférence de presse de lancement de cette Commission. «A ce double titre, c’est un risque pour les chaînes de télévision traditionnelles», a ajouté M. Boyon. A tel point que sa langue a fourché lors de la conférence de presse, puisqu’il a parlé de télévision «contestée», avant de se reprendre. «Il y a une volonté de faire progresser les choses sans contester la TV connectée pour autant», a-t-il assuré. 

L’objectif de la Commission de suivi des usages de la TV connectée, dont la mise en place avait été annoncée en décembre, sera d’établir un état des lieux quantitatif et qualitatif, d’émettre des recommandations et des propositions. «Je veux qu’on garantisse la liberté de choix du téléspectateur. Que le téléspectateur, au moment où il regarde un programme, ne soit pas conditionné pour abandonner le programme qui est diffusé et le regarder ailleurs», a expliqué M. Boyon. 

Deuxième point clé: «la télévision, chez nous, assure le financement des films, elle assure le financement des oeuvres audiovisuelles. Il faut garantir cela». 

Et troisièmement, «la TV connectée peut comporter des risques par rapport» à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et à la protection des enfants. La forme que prendra la TV connectée n’est pas encore tout à fait définie, mais on sait déjà qu’elle permet de naviguer sur le web depuis son poste de TV, de consulter des services annexes (météo, programmes TV…) via des applications (widgets) qui apparaissent à l’écran, accéder aux réseaux sociaux ou à des services de vidéos à la demande (VOD). Avec la création de cette commission, «la France est probablement en avance par rapport à l’ensemble des pays européens et probablement à la quasi totalité des pays dans le monde», s’est félicité M. Boyon. Présidée par Emmanuel Gabla, elle comportera cinq groupes de réflexion: «économie et concurrence», «financement de la création», «protection des publics sensibles», «nouveaux formats publicitaires» et «enjeux technologiques». Elle se réunira cette année en plénière en juillet et octobre, puis une fois par trimestre. Elle «a vocation» à rassembler une large palette d’intervenants, qui décideront à quels groupes de travail ils souhaitent participer. Il s’agit, entre autres, de chaînes de télévision (Canal+, TF1, Arte, Bolloré, Groupe NRJ…), d’associations de consommateurs (UFC-Que Choisir), de Médiamétrie, de l’Institut national de l’audiovisuel, de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), de l’Autorité de la concurrence, d’opérateurs télécoms, de câblo-opérateurs et de fabricants (Syndicat des Industries des Matériels audiovisuels électriques).