Pakistan: le fondateur du média pakistanais en ligne Raftar, arrêté pour «vidéos hostiles à l’État, libéré sous caution

Le fondateur du média pakistanais en ligne Raftar, arrêté pour «vidéos hostiles à l’État» en vertu d’une loi récemment amendée qui prévoit jusqu’à trois ans de prison pour «désinformation en ligne», a été libéré sous caution lundi, a annoncé son avocat.

Farhan Mallick avait été placé en détention provisoire dans deux affaires: l’une dans laquelle il est accusé d’avoir «généré et disséminé des publications et des vidéos hostiles à l’Etat, avec pour objectif la désinformation et l’incitation du public à la violence».

Et l’autre l’accusant de fraudes à la carte bancaire. Il a obtenu une libération sous caution en échange de 100.000 roupies (environ 320 euros) dans la première affaire et une caution du même montant dans la seconde affaire, a rapporté son avocat Abdul Moiz Jaferii.

Raftar publie des vidéos d’entretiens ou de décryptages de l’actualité ou de l’histoire du cinquième pays le plus peuplé au monde.

Plusieurs de ces vidéos, vues des millions de fois ces dernières années, sont consacrées au rôle de la puissante armée, qui passe pour impliquée autant en politique que dans l’économie nationale, selon les experts. L’affaire de M. Mallick avait suscité l’émoi au Pakistan. Le 21 mars, il avait été arrêté en vertu d’amendements à la «loi sur la prévention des crimes en ligne» votés fin janvier.

Quelques jours plus tard, un autre journaliste, Mohammed Wahid Mourad, du média en ligne saoudien Urdu News, était lui aussi accusé de «désinformation en ligne» avant d’obtenir également une libération sous caution.

Reporters sans frontières (RSF) a alors tiré la sonnette d’alarme pour les deux frères d’un journaliste exilé, Ahmed Noorani, «enlevés» à Islamabad le 19 mars et toujours introuvables à ce jour, selon la police et la justice.

Pour RSF, il s’agit «de représailles intolérables (…) vraisemblablement par des agents du renseignement – après l’enquête de M. Noorani sur le chef de l’armée».

Au Pakistan, 152e sur 180 pays au classement de la liberté de la presse de RSF, les journalistes se plaignent de longue date de la pression croissante de l’Etat sur les médias traditionnels.

Si de nombreuses plateformes d’information sont passées en ligne, les restrictions sur les réseaux sociaux les ont suivies.

YouTube et TikTok ont été bannis un temps et X est officiellement inaccessible.