Alphabet déçoit avec des revenus trimestriels inférieurs aux attentes

Alphabet, la maison-mère de Google, a déçu le marché mardi avec des revenus trimestriels inférieurs aux attentes, notamment dans le cloud, branche clef pour l’IA, un secteur où le géant des technologie fait face à une concurrence féroce. Malgré une croissance de 12% sur un an, son c.a. de 96,5 milliards de dollars pour le 4T 2024 est ressorti légèrement en dessous des prévisions, tout comme les recettes de Google Cloud à 11,96 milliards. L’action du groupe américain perdait plus de 6% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. Le cloud (informatique à distance) est au coeur de la vague de l’IA générative, la technologie qui obsède la Silicon Valley, ainsi que de nombreuses entreprises et gouvernements, depuis le lancement de ChatGPT (OpenAI) fin 2022. Google Cloud a doublé son bénéfice opérationnel, indicateur clef de la rentabilité, à 2,1 milliards de dollars au 4T. «Notre offre d’IA sur le cloud suscite une demande plus forte qu’auparavant de la part des clients», a assuré Sundar Pichai, patron d’Alphabet, cité dans un communiqué de résultats. Mais il a aussi annoncé que son entreprise allait investir 75 milliards de dollars en 2025, principalement dans l’IA. La concurrence déjà sévère dans l’IA générative a pris une nouvelle dimension la semaine dernière avec le succès inattendu du nouveau modèle de la start-up chinoise DeepSeek. Aussi performant que les agents IA américains les plus connus, il a été conçu à un bien moindre coût que ses concurrents OpenAI (ChatGPT), Google (Gemini) et leurs voisins de la Silicon Valley. Catapulté en tête des téléchargements d’applications mobiles aux Etats-Unis, DeepSeek remet en question les investissements colossaux des géants du secteur, notamment dans de nouveaux centres de données, équipés de serveurs dernier cri avec des puces spécialement conçues pour l’IA. Pour Alphabet, cette technologie représente par ailleurs la première véritable menace à son coeur de métier, la vente de publicités en ligne, depuis que Google est devenu synonyme de recherche sur internet. Elle permet en effet de plus en plus de contourner les liens publicitaires associés aux résultats de recherche, en posant directement une question à un agent conversationnel IA. Mais «aucun des nouveaux concurrents de Google dans le domaine de la recherche en ligne n’a gagné suffisamment de terrain auprès des consommateurs pour entamer ses recettes publicitaires», a souligné Evelyn Mitchell-Wolf d’Emarketer, en référence à Microsoft et OpenAI, qui tentent de percer dans ce secteur grâce aux nouvelles fonctionnalités d’IA générative. Google a réagi en lançant les «AI Overviews» («Aperçus IA»): le moteur répond aux requêtes avec une réponse rédigée et différentes options, avant la traditionnelle liste de liens. Le groupe s’est félicité en décembre que ce nouveau service touche «1 milliard de personnes», et a promis d’y ajouter bientôt «les capacités de raisonnement avancées de Gemini 2.0», la dernière version de son modèle. «Google a déployé avec succès les AI Overviews pour les utilisateurs aux États-Unis et a commencé à placer des publicités dans la version sur mobile début octobre», a noté Dan Ives, de Wedbush. L’analyste pense que la nouvelle technologie va se traduire par des «opportunités de monétisation supplémentaires». En tout, Alphabet a dégagé 26,5 milliards de dollars de bénéfice net au quatrième trimestre, un résultat légèrement meilleur qu’attendu. Et la firme américaine prévoit de nouvelles réductions budgétaires et plans de départ pour améliorer ses marges. En 2025, elle attend par ailleurs une décision de la justice américaine au sujet d’un possible démantèlement. L’entreprise a été jugée coupable l’été dernier de pratiques illégales pour établir et maintenir son monopole dans la recherche en ligne, et le gouvernement américain a demandé à la justice qu’elle cède son navigateur internet Chrome, une sanction potentiellement historique.