Timothée Chalamet: huit nominations aux Oscars pour «Un parfait inconnu» 

Le prodige d’Hollywood dans la peau de l’icône de la folk : Timothée Chalamet enfile la guitare de Bob Dylan dans «Un parfait inconnu», biopic qui a collecté huit nominations aux Oscars jeudi. 

Ce film qui revient sur les premiers pas du chanteur est signé James Mangold, qui avait déjà réalisé un biopic de Johnny Cash, «Walk The Line», avec Joaquin Phoenix, mais aussi le dernier «Indiana Jones» ou «Le Mans 66». Timothée Chalamet entonne lui-même les plus grands tubes de Dylan, de «Blowin’ in the Wind» à «The Times They Are A-Changin’». Loin de la folie douce de «I’m not there» de Todd Haynes, sorti en 2007, dans lequel six acteurs différents incarnaient Dylan, ce «Parfait inconnu» coche les cases plus classiques du film de fan, bien documenté. Mangold a choisi de se concentrer sur le début des années 1960, les toutes premières années de carrière de l’artiste, depuis son arrivée à New York guitare sur le dos, ses premiers pas auprès des grands noms de la folk dont Pete Seeger (joué par Edward Norton) et aux côtés de Joan Baez (Monica Barbaro). «On s’est mis vraiment à fond dans ce monde des années 1960… On a complètement ignoré les façons de vivre (modernes), avec les téléphones et les trucs comme ça, tout ce qui pouvait nous distraire», a raconté Chalamet. Sur les tout débuts de Dylan, «il y a très peu d’archives vidéo disponibles, il n’y a que quelques démos, donc il y a une certaine liberté» pour interpréter le personnage, a-t-il retracé. Le film marque une nouvelle étape dans l’ascension de l’acteur de 29 ans aux 20 millions d’abonnés sur Instagram. Révélé dans «Call Me By Your Name» de Luca Guadagnino, il est aussi Paul Atréides, tête d’affiche de la saga de science-fiction «Dune» de Denis Villeneuve. 

Nostalgie : Avant l’harmonica et la six-cordes de Dylan, Chalamet avait déjà fait la preuve de ses talents vocaux dans la comédie musicale familiale «Wonka». Génie artistique, plutôt propre sur lui dans cette production d’une filiale Disney, son Dylan ne cache pas totalement sa part sombre. 

Celle d’un jeune créateur tourmenté et d’une graine de star qui ne se fera jamais à la gloire, sans pitié avec les femmes qu’il fréquente, dont sa première petite amie, jouée par Elle Fanning. C’est cette part de mystère de Dylan, aujourd’hui âgé de 83 ans, qui a attiré James Mangold. «Dylan aime la musique et aime la partager, mais il n’aime pas avoir à répondre à des questions à son sujet. Sa musique est son cadeau», a expliqué le réalisateur américain. «Dylan a écrit 55 albums remplis de musique personnelle. Mais on continue de dire qu’il est mystérieux». La charge politique des «protest songs» de l’époque est aussi présente à l’écran, sur fond de lutte pour les droits civiques. De quoi rendre Chalamet nostalgique, à l’heure de l’entrée en fonction du président américain Donald Trump ? «Je pense que, s’il y a une nostalgie, c’est parce que, dans les années 1960, ce genre de musique et d’artistes, comme Bob Dylan, Joan Baez ou (l’auteur) James Baldwin, n’avaient pas de précédent», a-t-il répondu. «Aujourd’hui, il y a un cynisme plus fort. Pour la jeune génération américaine, française et aussi globale, les obstacles sont peut être plus intenses que dans les années 1960», comme l’environnement ou la politique, a-t-il analysé.