Ce lundi 16 décembre 2024, la Procirep va remettre ses 30èmes Prix du Producteur Français. L’occasion pour media+ d’évoquer cette édition anniversaire, mais aussi le rôle du métier de producteur avec Olivier de BANNES, Président de la commission TV de la Procirep.
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Quel est le rôle du Prix du producteur français dans l’écosystème audiovisuel?
Olivier de BANNES
Créé en 1994 par la Commission Télévision de la Procirep, le Prix du producteur français de télévision permet de mettre en avant le métier de producteur, trop souvent mal compris dans l’écosystème audiovisuel. Créativité et innovation, aussi bien dans les écritures que dans les modèles de production, renouveau dans les formats et l’hybridation des genres, audace dans la conquête des plateformes et du marché international, les productrices et producteurs français sont en première ligne pour faire rayonner la création française. Cette année encore, le Prix récompensera des sociétés qui ont mis leur professionnalisme et leur ténacité au service du renouvellement et de la diversité de la création. Mais à l’occasion de cette 30ème édition, nous allons également réunir les lauréats de ces 30 dernières années : ils témoigneront de l’évolution de notre métier mais aussi de l’impact que le Prix a pu avoir sur leur trajectoire professionnelle.
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Quels sont les critères d’éligibilités pour participer au Prix du Producteur Français
Olivier de BANNES
Sont éligibles les sociétés de production françaises ayant bénéficié d’une aide de la Commission Télévision au titre du Documentaire, de l’Animation et de la Fiction, au cours de la période allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024. Il y a eu 450 sociétés éligibles cette année et le jury de présélection, qui s’est réuni le 5 novembre, a choisi 4 finalistes en animation, 6 en documentaire et 5 en fiction. Pour le jury final, les critères de vote seront le développement de la société et sa réussite sur le plan économique, sa ligne éditoriale bien sûr, et enfin le travail de production réalisé ces derniers mois. Le choix sera difficile et les débats vont être passionnants. J’adresse par avance toutes mes félicitations aux productrices et producteurs qui seront lauréats cette année.
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Quel regard portez-vous sur l’évolution du métier de producteur ?
Olivier de BANNES
Les évolutions ont été très nombreuses ces 30 dernières années. La révolution numérique, Internet, la concurrence des réseaux sociaux, l’irruption des plateformes américaines… les technologies numériques rythment les évolutions de nos métiers qui vont se poursuivre avec notamment le développement de l’intelligence artificielle. Mais les défis à venir les plus importants sont peut-être d’une autre nature, avec la crise des finances publiques et surtout le risque politique : les élections législatives l’avaient fait craindre, les coupes sombres dans les budgets culture de certaines régions le confirment avec brutalité, aujourd’hui.
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Dans ce contexte, les plateformes sont-elles un relais de financement pérenne?
Olivier de BANNES
Le désengagement croissant des plateformes pour l’animation, comme les tensions sur les budgets de séries de fiction, semblent au contraire signer la fin d’une époque. Les partenariats de plus en plus fréquents entre les diffuseurs traditionnels et les plateformes («Cat’s Eyes», «Cœurs noirs») en sont le signe: les séries les plus coûteuses se font désormais en financement croisés. Pour le documentaire, qui est un genre structurellement sous-financé, il n’y a pas véritablement eu d’appel d’air lié aux plateformes ces dernières années. C’est pourtant bien à l’international que se trouvent les relais de croissance de ce genre, dans les coproductions traditionnelles avec les diffuseurs publics en particulier.