«Le Seigneur des Anneaux» revient au cinéma pour une incursion dans l’univers de l’«animé» japonais

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Pas d’elfes, de nains ou de hobbits, mais des hommes déchirés par la guerre: la saga du «Seigneur des Anneaux» revient au cinéma mercredi pour une incursion dans l’univers de l’«animé» japonais, avec une intrigue plus féodale que jamais. Intitulée «La Guerre des Rohirrim», cette nouvelle adaptation du monde imaginaire de J.R.R. Tolkien est une préquelle qui se déroule deux siècles avant les aventures de Frodon Sacquet et de la communauté de l’Anneau, portées à l’écran par Peter Jackson. Mais contrairement à la première trilogie du «Seigneur des Anneaux», récompensée par 17 Oscars, ou celle plus décevante sur Bilbon «Le Hobbit», il n’est pas question de talisman ou de démon ténébreux dans ce dessin animé. L’intrigue se concentre sur les hommes du Rohan, royaume de guerriers à cheval, pour un film «ancré dans le drame et l’émotion humaine, la cupidité et le pouvoir», selon son créateur, Kenji Kamiyama. Le Japonais, qui avait déjà travaillé sur des dessins animés tirés de «Star Wars» et «Blade Runner», a été embauché par Warner Bros pour en faire un «animé», style d’animation qui a conquis le monde entier depuis 20 ans. En fouillant dans les notes de bas de page qui parsèment les romans-fleuves de Tolkien, l’équipe du film a été intriguée par la brève description d’une guerre civile entre un roi et un seigneur rebelle. «Il y avait quelque chose dans cette histoire (…) qui semblait intrinsèquement adapté à cette grande tradition du cinéma japonais qu’est l’animé», explique la productrice Philippa Boyens, qui a participé à l’écriture des deux trilogies de Peter Jackson. Le dessin animé reprend ainsi tous les codes du genre: honneur, loyauté et orgueil occupent une place centrale dans les intrigues de pouvoir qu’il déroule, emmenées par une redoutable protagoniste féministe – qui rappelle la fameuse «Princesse Mononoké» des studios Ghibli. «La Guerre des Rohirrim» replonge dans la tradition du Rohan, royaume de combattants à l’allure de vikings déjà largement aperçu dans la première trilogie de Peter Jackson. Mais au lieu de retrouver le roi Théoden et sa courageuse nièce Eowyn se dressant contre Sauron, le Seigneur des ténèbres, on plonge dans une intrigue de palais qui dégénère, deux siècles plus tôt. L’ambitieux seigneur Freca complote pour marier son fils à Héra, la fille du roi du Rohan. Lorsque l’offre est rejetée avec mépris par l’orgueilleux monarque, le rebelle en vient aux mains et se fait tuer dans l’altercation. Son fils Wulf, qui assiste au drame, est envoyé en exil. Sa terrible soif de vengeance va déclencher une guerre catastrophique pour le royaume, que va devoir affronter Héra. Tolkien avait imaginé cette princesse au coeur d’un conflit, mais n’avait jamais pris la peine de la nommer dans ses notes. Les créateurs du film ont souhaité développer ce personnage mystérieux, qui lie les différents héros, méchants et batailles de cette nouvelle intrigue. «Nous ne voulions pas qu’elle soit un genre de princesse guerrière, de super-héroïne ou de cheffe», complète Mme Boyens. «Nous voulions qu’elle soit authentique. Elle est pleine de curiosité, elle fait des erreurs.» Le dessin animé adresse évidemment quelques clins d’oeil à la 1ère trilogie. Certaines scènes des films de Peter Jackson sont ainsi réutilisées. Le spectateur retrouve aussi le Gouffre de Helm, lieu d’une épique bataille, et l’action est narrée en anglais par l’actrice Miranda Otto, qui jouait la guerrière Eowyn au cinéma. Peter Jackson a servi comme producteur exécutif, mais il a «pris du recul» dans la gestion quotidienne selon Mme Boyens, pour encourager l’équipe à produire un véritable dessin animé à la japonaise. «Nous voulions évidemment respecter l’univers de Tolkien (…), tout en restant fidèles à ce que nous faisons le mieux», confie M. Kamiyama. «C’est-à-dire, simplement faire de l’animé». Cinéma –