Budget 2025 menace l’innovation : fin des aides JEI et CII met en péril les start-up françaises 

83
Paris, le 22 mai 2024. Stand French Tech. 8e edition du salon Viva Technology (Vivatech) 2024

L’inquiétude se propage parmi les start-up françaises depuis la présentation du projet de budget 2025 jeudi : la disparition de deux dispositifs d’aide à l’innovation les placerait dans un danger immédiat, alertent-elles, dans l’espoir de les voir réintégrés d’ici au vote. Le secteur s’est retrouvé vendredi matin autour du député macroniste Paul Midy, spécialisé dans le numérique et les technologies, pour évoquer la situation. «A ce stade, la proposition de budget est une catastrophe» pour la «tech» française, tranche l’élu. «Cela amènerait à la faillite de centaines de jeunes entreprises». Au coeur de la conversation, trois acronymes, JEI, CII, CIR, et une manne de quelques centaines de millions d’euros pensée pour accompagner la croissance d’entreprises innovantes. Le volet social du dispositif «jeune entreprise innovante» (JEI), qui permettait des allègements de charges à hauteur de 300 millions d’euros, a ainsi rejoint la liste des coupes budgétaires prévues par le gouvernement Barnier. Idem pour le «crédit d’impôt innovation» (CII), qui se chiffrait à 300 millions d’euros les années précédentes, selon M.Midy. Des dispositifs qui bénéficient respectivement à 49% et 45% des start-up françaises, selon France Digitale, association regroupant 2.000 jeunes entreprises tech et fonds d’investissement spécialisés. En ajoutant la diminution de 2 milliards d’euros du programme France 2030, Paul Midy relève un risque de «3 milliards d’euros de coupes budgétaires» pour la «tech» française. 

«Conséquences immédiates» : Maya Noël, directrice de France Digitale, craint «des conséquences immédiates sur le +business plan+ des entreprises». Avec la disparition «sans préavis» du JEI, réservé aux sociétés de moins de huit ans et aux dépenses élevées en recherche et développement, les plus jeunes entreprises qui comptaient sur ces fonds verraient leur croissance freinée, faute de moyens, et les sociétés en expansion risqueraient de renoncer à des recrutements. «Pas inquiet» pour sa propre start-up spécialisée dans l’informatique quantique, Valérian Giesz, cofondateur de Quandela, déplore l’arrêt de dispositifs liés à «la création d’entreprises innovantes qui viennent mettre sur le marché des technologies de rupture dont on a fondamentalement besoin». Du côté de Mirakl, spécialisée dans le e-commerce, le constat oscille entre crainte et soulagement. Si le crédit d’impôt recherche (CIR) a été préservé dans le projet de budget, des propositions de coupes pourraient voir le jour avant le vote du texte, craint Hugo Weber, vice-président en charge des affaires publiques de l’entreprise. «Je pense qu’il y a un vrai risque aujourd’hui de déstabiliser un écosystème qui a besoin de politiques publiques en faveur de l’innovation», dit-il.