«Un silence de lâche»: les survivants et les proches de victimes de l’attentat en 2015 de Charlie Hebdo se sont heurtés vendredi au mutisme du jihadiste Peter Cherif, jugé aux assises notamment pour son rôle auprès de Chérif Kouachi, un des assaillants du journal satirique.
Au terme de deux semaines d’examen des faits et de la personnalité de l’accusé, c’est au tour des parties civiles de prendre la parole devant la cour d’assises spéciale de Paris.
«On attend des réponses à la hauteur», déclare Riss, de son vrai nom Laurent Sourisseau, le directeur de la publication de Charlie Hebdo. «On sait qui a commis l’attentat ce jour-là, mais qui a dit ce journal-là ? Qui a eu l’idée de faire ça ?».
«Je ne souhaite pas réagir», se contente de répondre, d’une voix presque inaudible, Peter Cherif, soupçonné d’avoir participé à la préparation au Yémen de son ami Cherif Kouachi pour l’attentat, revendiqué par d’Al- Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).
Jeudi, lors de son interrogatoire, le vétéran du jihad a assuré ne pas avoir joué de rôle dans cet attentat mais, comme il le fait depuis le début du procès, a esquivé dès que les questions se faisaient plus précises.
«Je trouve ça lâche de nous laisser sans réponse à nos questions, c’est pas ce que j’attendais», assène d’une voix blanche la caricaturiste Corinne Rey, alias Coco.
Le 7 janvier 2015, elle a croisé les frères Kouachi en quittant le journal pour aller chercher sa fille à la crèche et a été contrainte, sous la menace des kalachnikov, de composer le code d’entrée de la rédaction.
A la barre, la dessinatrice explique être venue pour parler des assaillants, qui ont tué 12 personnes et ont été abattus deux jours après l’attaque par les forces de l’ordre.
«Parce que finalement, je les ai côtoyés aussi, les frères Kouachi. Et je dois dire que c’étaient des lâches, des mecs petits, planqués derrière de grandes kalachnikov», dit-elle, sans un regard pour Peter Cherif.
Dans le box des accusés, ce dernier garde la tête baissée.
Coco raconte «l’état de stupeur», «l’effroi», les moments où elle a cru qu’elle serait exécutée, les tirs, puis le «silence de mort» après le départ des assaillants, et la découverte des corps gisants dans la rédaction.