Entretien avec Sophie GOUPIL, Représentante de l’USPA, Productrice et Membre du ROD

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En dix ans, la diffusion du documentaire à la télévision s’est-elle accrue ?
Sophie GOUPIL
Depuis dix ans, le documentaire français fait l’objet d’une production abondante, mieux diffusée, et connaissant des succès marquants. Il existe une vraie progression de la diffusion du documentaire : 2.225 heures de documentaires de création ont été produites en 2009, et 6.700 heures de documentaires ont été diffusées sur l’ensemble des chaînes hertziennes et de la TNT gratuite. Cette apparente réussite peut entre autres s’expliquer par le fait qu’il existe un engouement du public pour le documentaire. Il s’agit d’ailleurs du genre qui s’exporte le plus à l’international.
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En une décennie, les formats, contenus, approches, et programmations documentaires ont-ils été diversifiés sur les chaînes de télévision ?
Sophie GOUPIL
Il existe en effet une richesse de plus en plus grande concernant la production documentaire. Cependant, on a tendance à se servir du documentaire comme un genre «fourre-tout». La création est en danger de marginalisation, du moins sur les écrans de télévision, et cela commence à poser des problèmes en termes de financement et d’exposition.
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Vous parlez de «déséquilibre structurel» autour du documentaire. De quoi s’agit-il ?
Sophie GOUPIL
L’offre documentaire se concentre majoritairement autour des chaînes du service public. Certains diffuseurs appliquent en plus une «logique de cases», ce qui entraîne un appauvrissement de la proposition éditoriale. En conséquence, la place de la création documentaire à la télévision apparaît de plus en plus menacée dans ses fondamentaux.
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Dans une logique de course à l’audimat, les initiatives documentaires sont-elles revues à la baisse ?
Sophie GOUPIL
Dans une logique de course à l’audimat, les chaînes de télévision s’efforcent en effet de préserver ou d’accroître leurs audiences. Elles ont ainsi mis en œuvre différentes stratégies qui ont eu tendance à minimiser d’autant l’initiative des producteurs et des réalisateurs quant aux formes et aux sujets des films documentaires.