Cape, épée, masque et moustache: Jean Dujardin enfile vendredi sur Paramount+ le costume de «Zorro» dans la très attendue série éponyme, «vaudeville d’action» qui dépoussière le mythe en sondant l’intimité et la «schizophrénie» de Don Diego de la Vega. Cette fiction de 8 épisodes, co-créée par les scénaristes Noé Debré («Parlement») et Benjamin Charbit («Sous contrôle»), sera également diffusée «vers Noël» sur France Télévisions, a indiqué mercredi Stéphane Sitbon-Gomez, le numéro 2 du groupe public, lors d’une conférence de rentrée. Tournée en Andalousie et à Tolède, elle transporte le téléspectateur en 1821 à Los Angeles, alors sous domination espagnole. Devenu maire de la ville 20 ans après avoir remisé Zorro au placard, Don Diego de la Vega, homme naïf dont le mariage vacille, se voit contraint de renfiler son costume de vengeur masqué face à l’avidité d’un homme d’affaires sans scrupules (Eric Elmosnino). Un rôle créé sur mesure pour Jean Dujardin à l’initiative de son frère, le producteur Marc Dujardin, témoin de longue date des aspirations de son cadet. «Enfant, j’étais Zorro, j’avais moins de budget, mais j’étais Zorro», plaisante l’acteur oscarisé pour «The Artist». A 52 ans, l’acteur révélé sur le petit écran dans «Un gars, une fille» estime «plus intéressant» d’incarner un Zorro plus âgé, avec «plus d’aspérité» et en proie à une «lutte intérieure». «C’était le bon moment», ajoute celui qui s’est «amusé à galoper» et «à se battre». Méprisé par son père (André Dussollier), trompé par sa femme Gabriella (Audrey Dana), tombée sous le charme de… Zorro, son Don Diego détonne avec l’image traditionnelle du justicier inventé en 1919 par l’écrivain américain Johnston McCulley. «Il fallait qu’on trouve un angle» sans «s’égarer dans la parodie» ni le «premier degré», a relaté lors d’une conférence de presse Marc Dujardin. «On a beaucoup réfléchi sur la schizophrénie, le côté populiste du super-héros» et Benjamin Charbit «a trouvé le sujet intime de la série», a ajouté le producteur. «Il y avait l’envie d’en faire (…) une comédie politique» et «un vaudeville d’action», précise Benjamin Charbit, citant les réalisateurs Ernst Lubitsch, Billy Wilder, ou encore Jean-Paul Rappeneau parmi ses influences. Zorro, qui a déjà fait l’objet d’une autre série cette année, portée par l’Espagnol Miguel Bernardeau («Elite») et lancée mi-août sur W9, a été incarné moult fois à l’écran, de Douglas Fairbanks à Antonio Banderas en passant par Alain Delon. Mais c’est la série de Walt Disney, portée par Guy Williams dans les années 1950-1960, qui a le plus inspiré cette nouvelle adaptation, où Bernardo (Salvatore Ficarra) et le sergent Garcia (Grégory Gadebois) sont toujours de la partie. Son humour décalé et la présence de Jean Dujardin dans le rôle titre ont également déjà suscité des comparaisons avec la franchise OSS 117, rejetées par l’acteur. «On n’est absolument pas dans la parodie», insiste celui qui a caricaturé James Bond dans la peau de l’espion Hubert Bonisseur de la Bath. Première grosse production française de Paramount+ – après la série «Tout pour Agnès» et la télé-réalité controversée «Frenchie Shore» – «Zorro» fait office de «carte de visite» pour la plateforme américaine lancée dans l’Hexagone fin 2022, a affirmé à la presse sa responsable du streaming pour l’Europe du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique, Antonella Dominici. La série sera disponible vendredi pour tous les abonnés à Canal+, quelle que soit leur offre, comme l’ensemble des contenus Paramount+, en vertu d’un accord annoncé en août par les deux groupes. Elle sortira à l’étranger (Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Royaume-Uni, Amérique latine) dans «quelques mois», selon Mme Dominici. Elle n’aura a priori pas de 2ème saison, mais ferait «une très belle pièce de théâtre», suggère Jean Dujardin.