À l’occasion de la 35ème édition de Sunny Side of the Doc, plus de 220 réalisatrices de documentaires se sont alliées pour former le collectif «Nous, réalisatrices de documentaires». L’occasion pour media+ d’évoquer ce collectif avec les initiatrices, Karine DUSFOUR et Virginie LINHART.
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Que représente le collectif «Nous, réalisatrices de documentaires» ?
Virginie LINHART
Nous sommes 220 réalisatrices de documentaires qui travaillons dans le cinéma, le court-métrage, la télévision, les plateformes, la création et l’expérimental. Expérimentées ou débutantes, nous observons que les enjeux d’égalité et de parité, actés à peu près dans tous les domaines professionnels, le sont insuffisamment dans le cinéma et trop peu dans l’audiovisuel. Plus les films documentaires sont à gros budget et à fort horaire d’écoute, et moins les femmes réalisatrices sont présentes. Douze marraines nous soutiennent : Mona Achache, Julie Bertucelli, Simone Bitton, Alice Diop, Marie Dumora, Amandine Gay, Hélène Lam-Trong, Mariana Otero, Ovidie, Marie Portolano, Coline Serreau et Claire Simon.
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Avec ce collectif, quelles sont vos ambitions ?
Karine DUSFOUR
Nous nous fédérons et nous nous engageons dans le collectif «Nous, réalisatrices de documentaires» pour : porter les enjeux de parité, d’égalité des chances et d’accès aux mêmes budgets, sujets, cases et horaires que nos collègues réalisateurs; prévenir le sexisme et les violences sexuelles dans le milieu du documentaire; demander au CNC que le bonus parité mis en place dans la fiction soit étendu au documentaire.
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Comment allez-vous soutenir les femmes réalisatrices de documentaires ?
Virginie LINHART
Nous ne sommes que 25% de réalisatrices dans le documentaire unitaire. C’est trop peu et anormal ! Pour lutter contre le sexisme dans ce secteur, nous souhaitons mettre en place, dès la rentrée, des sessions de mentoring antisexiste pour apprendre comment se défendre face aux attaques sexistes.
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En 2024, quel est le comportement de certains de vos collègues hommes ?
Karine DUSFOUR
Nous, réalisatrices de documentaires, sommes fatiguées des commentaires sur nos physiques, nos tenues. Il n’est pas rare d’entendre ce genre de phrases : «Demain il y a visionnage, tu mets ton décolleté !»). Notre âge aussi est source de méchanceté gratuite et néfaste. Nous sommes trop jeunes quand nos collègues contemporains sont dits prometteurs ou déjà trop vieilles lorsqu’ils deviennent expérimentés. Dans l’exercice de notre profession, ni nos apparences ni nos corps ne peuvent faire l’objet de convoitise ou de sujet de discussion.
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Êtes-vous soutenus par d’autres associations et collectifs ?
Virginie LINHART
La Scam a vu naitre le projet et nous soutient. Toutefois je rappelle que nous sommes un collectif indépendant. De notre côté, nous sommes aussi en contact avec plusieurs organismes. On peut citer Pour les femmes dans les médias, le collectif des chefs opératrices «femmes à la caméra», le collectif 50/50 ou encore Troisième autrice. A terme, nous avons pensé que nous pourrions créer une sorte de fédération pour partager entre nous et surtout être véritablement audibles.