Le secteur de la livraison de courses alimentaires va connaître un boom «massif», pévoit le PDG de Picnic

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Le secteur de la livraison de courses alimentaires à domicile va connaître un boom «massif» grâce aux progrès de l’IA, prévoit le patron de Picnic, société néerlandaise qui se développe rapidement en France et en Allemagne. Picnic a bouleversé le paysage de la distribution alimentaire aux Pays-Bas avec son offre de livraison gratuite. Le consommateur s’inscrit dans une des tournées prévues et sait qu’il sera livré dans une fenêtre de 20’. Ceci est rendu possible en optimisant l’efficacité d’énormes quantités de données, explique l’entreprise, fondée en 2015. Elle utilise déjà l’IA pour beaucoup d’opérations, affirme son PDG Michiel Muller, 59 ans, en visite au centre de distribution de 43.000 mètres carrés de Picnic à Utrecht, dans le centre des Pays-Bas. «Par exemple, prévoir combien de bananes nous vendrons dans 3 semaines, ou ce qui se passe quand le temps est beau ou mauvais, ou planifier l’ensemble de notre itinéraire», énumère M. Muller. Avec les progrès technologiques, les prévisions deviendront toujours plus précises, permettant de réduire davantage le gaspillage alimentaire et offrir des plages horaires encore plus exactes aux clients, prédit-il. «N’oubliez pas qu’il y a 60 ans, les supermarchés n’existaient pas. Il n’y avait que des magasins plus petits. Le secteur est donc toujours en mouvement autour des nouvelles technologies et des nouvelles façons de livrer les marchandises», déclare-t-il. «Le supermarché perdurera. C’est sûr. Les magasins perdureront. Mais la partie en ligne va croître massivement», prévoit le PDG. Picnic a développé son propre logiciel interne pour affiner chaque élément du processus, depuis le traitement et l’emballage à l’entrepôt jusqu’au fameux «dernier kilomètre» de l’acheminement des produits. Les délais de livraison sont calculés avec une précision minutieuse, grâce au traitement de tonnes d’informations par 300 analystes de données et 300 ingénieurs logiciels au siège de Picnic. Picnic sait exactement ce qu’elle doit commander, livrer et combien de temps cela devrait prendre. L’entreprise estime que cela entraîne sept fois moins de gaspillage alimentaire que dans les supermarchés classiques. «Il n’y a pas une seule baguette commandée qui ne soit pas livrée», observe Grégoire Borgoltz, responsable des opérations de Picnic en France. Mais pas question de rouler trop vite dans les virages: les chauffeurs des camionnettes électriques sont évalués après chaque trajet en fonction de leur conduite. Picnic a fait d’énormes investissements pour financer des logiciels sur mesure et ses centres de distribution. Le c.a. a bondi de dix millions d’euros en 2016 à 1,25 milliard en 2023. Ses effectifs sont passés de 100 à 17.000 sur la même période. Mais Picnic a subi des pertes d’environ 200 millions d’euros l’année dernière avec son développement en Allemagne, à Berlin, Hambourg et Hanovre, relève M. Muller. Cependant, la société a réalisé pour la 1ère fois un bénéfice brut cette année sur son marché national. «Il a fallu 8 ans pour être rentables aux Pays-Bas», déclare-t-il. En janvier, Picnic a annoncé avoir levé 355 millions d’euros auprès d’investisseurs pour financer son développement en Allemagne et en France, notamment auprès de la fondation Bill & Melinda Gates et du géant allemand de la distribution Edeka. Tout dépend de la technologie pour faire des bénéfices, affirme M. Muller. «Le niveau d’automatisation détermine notre niveau de rentabilité». «Aujourd’hui, nous avons environ 30% d’automatisation aux Pays-Bas. Nous atteindrons 100% dans quelques années», et l’Allemagne et la France suivront de près, affirme le PDG. Picnic est actuellement présent à Lille, dans le nord de la France, et en grande banlieue parisienne. Le centre de Paris constitue «une grande opportunité, mais présente également certains des pires embouteillages», observe M. Borgoltz. «Nous irons à Paris, mais nous devons trouver le bon moment», ajoute-t-il.