Atos: le CA choisit l’offre de Onepoint face à Kretinsky

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Le verdict est enfin tombé pour Atos après un long feuilleton: le CA du groupe informatique français, lourdement endetté, a annoncé mardi choisir l’offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, au détriment de celle de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. «Atos travaillera avec le consortium Onepoint pour parvenir à un accord définitif de restructuration financière qui sera ensuite mis en oeuvre par le biais d’une procédure accélérée dédiée d’ici juillet 2024», a indiqué dans un communiqué le groupe informatique. Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos sera l’un des piliers technologiques des JO-2024 de Paris (26 juillet-11 août), avec pour missions la gestion des accréditations, la diffusion instantanée des résultats ou encore la cybersécurité. Embourbé dans une crise financière depuis près de 3 ans, qui a fait notamment chuter sa valorisation boursière à des niveaux inédits sous les 2 euros, Atos avait enclenché en février une procédure de restructuration. L’entreprise avait annoncé avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui a atteint 4,8 milliards d’euros, pour sauvegarder son activité. En concurrence avec celle d’EPEI, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, allié au fonds Attestor, l’offre menée par David Layani, patron de l’entreprise française Onepoint, allié à l’homme d’affaires Walter Butler, la société Econocom et des créanciers, a finalement remporté son bras de fer après une intense bataille en coulisses qui a retardé à plusieurs reprises le calendrier fixé par la direction d’Atos. Son offre prévoit notamment un effacement de la dette à hauteur de 2,9 milliards d’euros, à convertir en fonds propres. Après avoir échoué à racheter les activités stratégiques du groupe en 2022 et être devenu 1er actionnaire d’Atos, David Layani réussit enfin son pari de reprendre le géant informatique aux 100.000 salariés à travers le monde. «Entièrement mobilisés pour qu’Atos redevienne un acteur majeur de la souveraineté numérique française et européenne sur la scène internationale», a déclaré M. Layani dans un communiqué. Implantée dans 16 pays, Onepoint, qui compte 3.300 employés et revendique 500 millions d’euros de c.a., faisait pourtant figure de petit poucet face à Daniel Kretinsky, à la tête d’un empire dans l’énergie, la distribution et les médias, et d’une fortune de 8,6 milliards d’euros, selon «Forbes». C’est un 1er échec dans l’irrésistible ascension du milliardaire tchèque, qui devrait s’emparer de l’opérateur postal britannique en difficulté Royal Mail, après avoir acquis récemment 20% des activités sidérurgiques de l’aciériste allemand Thyssenkrupp ou pris le contrôle du distributeur français Casino. Avant la dissolution de l’AN annoncée dimanche, l’État français a répété à plusieurs reprises sa volonté d’acquérir les activités d’Atos jugées «stratégiques», afin qu’elles ne tombent pas entre les mains d’acteurs étrangers. Le cabinet du ministre de l’Economie Bruno Le Maire a indiqué mardi qu’une «offre plus précise» serait remise «dans les prochains jours». Le travail se poursuit «avec les partenaires pour finaliser le consortium et les reprises de sous éléments» avec «courant juillet» pour objectif. L’émission d’une offre en vue d’acquérir 100% des branches «Advanced Computing», «Mission-Critical Systems» (MCS) et activités de cybersécurité, pour une valeur estimée «entre 700 millions et 1 milliard d’euros», était attendue pour mi-juin, avait indiqué Atos. Le ministère français de l’Economie a aussi octroyé un prêt de 50 millions d’euros à l’entreprise et acquis une «action de préférence» lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ses supercalculateurs.