À l’occasion de la 6ème édition du Fipadoc, l’INA a dévoilé son étude «20 ans de documentaire à la télévision, du genre aux genres». L’occasion pour media+ d’évoquer les enseignements de ce rapport avec Géraldine POELS, Responsable de la valorisation scientifique à l’INA.
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Quel premier bilan pouvez-vous tirer de votre étude sur le genre documentaire ?
Géraldine POELS
Sur plus de 20 ans (2000-2022), l’INA a analysé près de 2 millions de diffusions du genre documentaire. L’étude «20 ans de documentaire à la télévision, du genre aux genres» met en évidence la diversité des formats du genre documentaire, les fortes disparités entre les chaînes, et les inégalités femmes-hommes qui marquent durablement le genre. Sur l’ensemble de la période étudiée, plus de 80% des documentaires visibles à la télévision ont été des œuvres rediffusées. Le format de référence du documentaire de création (une œuvre originale, d’environ 52 minutes), mis en valeur en Prime Time, est loin de suffire pour remplir les cases dévolues au documentaire : si le format intermédiaire (27 à 52 minutes) correspond à la moitié (52%) des œuvres proposées au public, les formats courts sont également bien représentés (31%) et largement rediffusés.
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Certaines chaînes sortent-elles du lot ?
Géraldine POELS
Arte et France 5 se sont imposées comme les chaînes du documentaire : elles ont diffusé, à elles deux, près de 80% de l’offre (sur le périmètre des chaînes « historiques») depuis 2000, France 2 arrivant en troisième position. Dans la période, de nouvelles chaînes accordant une place de choix au documentaire sont apparues sur le câble, le satellite et la TNT, comme RMC Découverte. Ces nouveaux diffuseurs ont bouleversé le paysage en proposant des formats à la frontière du documentaire, comme le docu-réalité, un format très populaire depuis 2013 et qui compose près de 60% de l’offre de RMC Découverte, 6ter mais aussi France 4. Avec l’apparition de ces nouveaux acteurs, le nombre de diffusions de programmes documentaires a été multiplié par 12 entre 2000 et 2022.
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Quels sont les principaux diffuseurs de documentaires ?
Géraldine POELS
Suivant notre étude, et les chiffres évoqués précédemment, France Télévisions est le premier diffuseur gratuit. De son côté, Mediawan (Animaux, Chasse et pêche, Science & Vie TV, Toute l’Histoire, Trek) se place comme le 1er diffuseur payant du genre documentaire.
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Quelle est la place des femmes dans le genre documentaire ?
Géraldine POELS
25% seulement des premières diffusions ont été réalisées par des femmes, contre 75% par des hommes (la proportion de femmes réalisatrices a cependant légèrement augmenté depuis 2019, se stabilisant à 32% en 2022). Pour la première fois, une analyse a été menée sur «les voix du savoir» : une mesure automatique des temps de parole grâce aux outils IA développés par l’INA a permis d’analyser les 3.500 heures de documentaires diffusées en Prime Time ces 5 dernières années. Le constat est sans appel : les hommes y parlent, en moyenne, 2,2 fois plus que les femmes.
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Quels sont les thèmes de ces documentaires diffusés ?
Géraldine POELS
Nous observons un schéma classique du territoire du documentaire. Nous avons fait un classement des thématiques les plus traitées par les documentaires sur les chaînes historiques (TF1, France 2, France 3, France 5, M6, Canal+ et Arte) de 2000 à 2022. En première position, on retrouve Société, suivi de Nature et Faune et enfin Art et Culture en troisième position.