A. GRIGOLINI (France Télévisions) : «Notre stratégie documentaire s’inscrit dans un effort d’amplification numérique»

Des annonces pour le documentaire sur France Télévisions. Dans le cadre du FIPADOC de Biarritz, Antonio GRIGOLINI, Directeur de l’unité documentaire de France Télévisions est revenu en détail sur les futurs chantiers éditoriaux. Pour Média+, il détaille les principales annonces. Rencontre.

MEDIA +

Quel mouvement éditorial avez-vous amorcé ?

ANTONIO GRIGOLINI

L’offre documentaire se porte bien dans un contexte où l’audience du groupe France Télévisions est en hausse, et nous sommes à quelques mois des Jeux Olympiques. Dans cette optique, c’est le moment idéal pour intensifier nos efforts visant à surprendre, à dynamiser davantage notre offre et à faire preuve d’audace.

MEDIA +

Quelles sont vos ambitions ?

ANTONIO GRIGOLINI

Nous avons défini deux axes principaux. Le premier concerne les documentaires destinés au jeune public. Conformément à notre engagement envers l’État et notre mission d’universalité, nous allons nous concentrer notamment sur le public de moins de 30 ans. À cet égard, nous sommes à la recherche de séries documentaires de 10X26’, ciblant les 8-10 ans. Ces séries aborderont des thématiques liées aux étapes de vie propres de l’enfance, notamment la transition vers l’adolescence avec des sujets comme l’entrée au collège, les relations amicales et familiales, ainsi que la relation aux écrans. En parallèle, nous recherchons des documentaires à destination de nos premières parties de soirée avec des récits écrits au présent sur des icônes de la culture populaire française contemporaine. Ce sont des films qui vont nous permettre de raconter des imaginaires tels qu’ils se façonnent jour après jour, en résonance avec les intérêts des moins de 30 ans.

MEDIA +

Vous souhaitez donc entretenir le dynamisme de l’offre documentaire…

ANTONIO GRIGOLINI

Il est essentiel que notre offre soit en mouvement. On doit éviter de tomber dans une sorte de routine avec des offres uniquement structurées autour de cases. Nous raisonnons en termes d’offre et pas nécessairement en termes de cases. Pour autant, on n’abandonne ni les rendez-vous, ni les récurrences de programmation.

MEDIA +

Concilier innovations visuelles et narratives, est-ce possible ?

ANTONIO GRIGOLINI

Il y a un point fondamental : ne jamais renoncer à l’exigence du documentaire de service public. Elle est parfaitement compatible avec l’innovation visuelle, l’hybridation des genres et les tentatives que nous allons opérer auprès des jeunes publics.

MEDIA +

Sur quoi allez-vous vous engager ?

ANTONIO GRIGOLINI

Nous prévoyons de lancer des documentaires axés sur des arènes sportives. Parmi nos projets, figure un documentaire sur le Paris-Roubaix intitulé «Un dimanche en enfer», ainsi qu’une série immersive sur le Vendée Globe nommée «Vendée Globe – Seul autour du monde». Nous souhaitons profiter de l’impulsion des J.O. pour investir davantage les arènes sportives à travers des documentaires aux récits tendus.

MEDIA +

Parlons rendez-vous, comment les avez-vous aménagés ?

ANTONIO GRIGOLINI

Nous avons récemment retravaillé la programmation des vendredis sur France 3, marquée par le retour de «Thalassa, aventures extrêmes» et l’introduction de «Nos Terres Inconnues». Nous allons y explorer également des films d’aventures et de dépassement. Dans le domaine de l’histoire, nous nous engageons à proposer des projets qui renouvellent la manière d’écrire les documentaires historiques, un genre auquel nous tenons particulièrement. C’est très structurant pour l’offre. A titre d’illustration, «Saint-Barthélemy, tuer au nom de Dieu» (2X52’) adoptera une écriture hybride mélangeant fiction, enquête et immersion.

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Et côté digital ?

ANTONIO GRIGOLINI

Notre stratégie documentaire s’inscrit dans un effort d’amplification numérique. Nous embrassons le fait que France.tv soit la première plateforme gratuite de documentaires en France. En pratique, le public ne fait pas la différence entre un documentaire diffusé sur une chaîne linéaire et un autre disponible sur une plateforme en ligne. Les ressorts narratifs et l’exigence sont les mêmes. Nous allons aussi enrichir l’offre France.tv avec une chaîne thématique (FAST) documentaire d’ici quelques semaines. Cette chaîne aura pour but de mettre en avant notre vaste catalogue documentaire.

MEDIA +

Des partenaires en vue ?

ANTONIO GRIGOLINI

Oui, nous allons initier une collaboration éditoriale avec l’INA qui va nous permettre de proposer sur France.tv des vidéos d’archives en lien avec nos films de société. Par exemple, pour accompagner notre documentaire «Viol, défi de justice» (70’), qui offre une immersion inédite dans un procès pour viol survenu lors d’une soirée étudiante alcoolisée (et prochainement diffusé sur France 2, ndlr), nous envisageons de mettre à disposition des vidéos d’archives illustrant l’évolution de la perception et du discours autour du viol dans la société française. Cette démarche vise à fournir un contexte historique et sociétal plus large à nos documentaires.