Fin d’année pour la chaîne parlementaire. Avec le retour du parlement au premier plan dans le débat public, LCP a pu accroître sensiblement sa visibilité tout en se déployant sur le non-linéaire. Quelle perspective pour 2024 ? Réponse avec Bertrand DELAIS, Président directeur général de LCP-Assemblée nationale.
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Vous êtes à la tête de LCP depuis cinq ans et demi. Comment se porte la chaîne ?
BERTRAND DELAIS
LCP va bien ! L’audience s’est accrue et nos ressources financières augmenteront en 2024. Nos employés prennent plaisir à travailler ici et il y a un satisfecit chez la plupart des parlementaires, quelle que soit leur origine. Dans un premier temps il a fallu upgrader la qualité de notre contenu éditorial et de production. C’est ce que j’ai entrepris les deux premières années. Par la suite, nous avons amélioré nos programmes pour attirer davantage de téléspectateurs. En quatre ans, nous avons augmenté notre audience de 30%. Après avoir renforcé ces deux aspects et internalisé la production, nous nous sommes orientés vers une stratégie incluant une présence hors écran. Notre travail se porte à présent sur le numérique. En moins d’un an, notre chaîne YouTube a gagné plus de 100.000 abonnés et notre objectif est de doubler ce chiffre. Notre audience la plus jeune ne nous suit pas via la TNT mais nous regarde plutôt sur les réseaux sociaux, y compris YouTube.
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Pourriez-vous exister sans une chaîne de télévision ?
BERTRAND DELAIS
Oui, puisque nous sommes consommés de plus en plus en non-linéaire. Si nous décidons de suivre l’exemple de TV5Monde en quittant la TNT pour nous diffuser exclusivement via les fournisseurs d’accès Internet (FAI), il y aura un défi majeur. Contrairement à la TNT, il n’existe pas de système garantissant que notre chaîne soit accessible sur le même canal chez tous les opérateurs. Cette question d’accessibilité rendrait la transition plus complexe.
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De combien progresse votre budget? Qu’allez-vous faire avec ?
BERTRAND DELAIS
La dotation augmente de 750.000 € en 2024 pour un budget de 17 M€. Bien que cela représente une part importante du budget de l’Assemblée, c’est un montant relativement faible pour faire de la télévision. Jusqu’à présent, nous avons dû réaliser des investissements conséquents que nous prévoyons d’amortir sur plusieurs années. Notre objectif est de consolider ce que nous avons entrepris. Nous avons rapatrié toutes nos émissions, y compris les grands entretiens et «Rembo’INA», sur notre nouveau plateau, qui était auparavant externalisé. Cette évolution nous conduira à investir dans une nouvelle régie, ce qui ouvrira la voie à la création de nouvelles émissions.
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Comment avez-vous pallié votre manque de visibilité ?
BERTRAND DELAIS
En faisant progresser notre audience et en élargissant notre public. Auparavant, beaucoup pensaient que nous ne diffusions que des contenus liés au parlement. Cependant, nous proposons également des documentaires et des magazines, particulièrement consommés le soir. Il n’y a pas une seule soirée sous les 100.000 téléspectateurs. Rappelons que la période du confinement nous a fortement fait progresser. Les nouveaux téléspectateurs plutôt CSP+, urbains et masculins, nous avons su les conserver.
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Il y avait aussi la volonté d’incarner davantage la chaîne…
BERTRAND DELAIS
Un autre défi stratégique crucial pour une chaîne de télévision, en particulier pour une chaîne complémentaire comme la nôtre, est de s’établir comme une marque reconnue pour l’après-TNT. Il est essentiel que les téléspectateurs associent instinctivement les programmes à caractère citoyen à notre chaîne. Cette identification forte de la marque nous permet d’adopter une stratégie au-delà de l’écran, en participant et en accompagnant divers événements.
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Quelle est votre exigence ?
BERTRAND DELAIS
Donner du sens, bien sûr ! C’est une exigence nécessaire pour tout média public, accessible pour le plus grand nombre. Nous nous efforçons de fournir une information raisonnée et réfléchie, hors de l’hystérisation ambiante.
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Faites-vous le pas de côté par rapport à ce que proposent les chaînes d’info ?
BERTRAND DELAIS
Effectivement, nous cherchons à adopter une approche différente. Il ne faut pas se leurrer : cela représente une stratégie de différenciation dans un marché très concurrentiel. LCP opère avec un budget limité, ce qui la place dans une catégorie plus modeste par rapport à ses concurrents. Cependant, nous sommes déterminés à démontrer que notre chaîne possède une singularité et une légitimité dans son domaine d’activité.
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Votre mandat se termine en juin 2024 mais vous ne rempilez pas… Pourquoi ?
BERTRAND DELAIS
Car j’ai la sensation d’en avoir fait le tour, et je ne voudrais pas faire le mandat de trop. Je ne veux pas fragiliser la chaîne même si je défendrai toujours les intérêts de LCP. A mon successeur, je veux juste dire qu’il n’abîme pas ce qui a été construit ces dernières années. Quant à moi, je prévois de poursuivre mon engagement dans le secteur du service public. J’ai différentes pistes.
