J. SAPORITO (La chaîne L’Equipe) : «Nous diffusions 3.000 heures de sport en direct par an»

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La chaîne L’Équipe fête ses 25 ans ! C’est en 1998 que le groupe L’Équipe créait sa chaîne de télévision dans l’euphorie de la Coupe du monde de football remportée par l’équipe de France. Quelles sont les ambitions pour les années à venir ? Réponses avec Jérôme SAPORITO, Directeur du Pôle TV du Groupe L’Équipe qui nous explique les différentes perspectives de la chaîne et de ses différents canaux numériques.

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Avec une pda de 1,6% chez les 4 ans et plus et de 3,1% chez les hommes de 25 à 49 ans, quelles stratégies avez-vous mises en place ?

JÉRÔME SAPORITO

Nous avons pris conscience de notre identité tout en considérant nos contraintes budgétaires. En fonction de ces éléments, nous avons soigneusement planifié et structuré notre programmation. Une chaîne en clair constitue un point de rendez-vous pour les téléspectateurs. Nous avons actuellement trois émissions principales à des heures différentes – «L’Équipe de choc» (15h50), «L’Équipe de Greg» (18h30), et «L’Équipe du soir» (23h) – qui attirent des audiences variées selon l’heure de diffusion. Ce sont les racines de la chaîne. Quand les talks vont bien, la chaîne va bien. Il y en a pour tous les goûts selon l’heure. Nous diffusons 3.000 heures de sport en direct par an, en complément de nos émissions régulières. Ces événements sont programmés avant 17 heures, en Prime Time ou pendant le week-end. En restant fidèles à notre ADN de chaîne positive et divertissante, traitée avec passion et expertise, nous parvenons à être sérieux sans être trop formels. Grâce à cette approche, notre chaîne a atteint un niveau de maturité qui la rend puissante sur la TNT.

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Comment L’Équipe parvient-elle à se distinguer en tant que «chaîne de talents» et «chaîne de passionnés» dans un paysage de plus en plus compétitif ?

JÉRÔME SAPORITO

Il est crucial de bien comprendre qui l’on est. Si nous pensons rivaliser avec des géants comme TF1 ou CANAL+, nous nous trompons. Nos modèles économiques diffèrent considérablement. Nous explorons toutes les possibilités de diffusion dans le domaine sportif, et l’offre est vaste. L’année dernière, nous avons diffusé 63 sports différents. Bien que nous ne diffusions ni la Ligue des Champions de football ni la Coupe du Monde, nous avons d’autres atouts. Notre chaîne se distingue aussi par ses personnalités. Avoir des figures reconnaissables est essentiel à la télévision. Nous ne sommes pas juste un robinet d’images ; nous faisons partie de la vie quotidienne de nombreux Français. Nos talents jouent un rôle clé dans notre succès à travers des rendez-vous incarnés.

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Quels sont les objectifs de la chaîne concernant la couverture du Dakar 2024, et comment cela s’inscrit-il dans votre stratégie globale ?

JÉRÔME SAPORITO

Le détenteur des droits du Dakar est ASO, qui est étroitement lié à nous. Nous les avons persuadés que nous pouvions non seulement accroître la popularité du Dakar en France, mais aussi le raconter d’une manière différente. Nos discussions se sont concentrées sur la manière de présenter le Dakar d’une façon unique, en y intégrant un sentiment d’urgence. Dans une course automobile, l’attraction réside dans le direct et la question de savoir qui franchira la ligne d’arrivée en premier. Dans un rallye-raid comme le Dakar, où les concurrents parcourent 600 km, il est impossible de couvrir la course en direct comme sur un circuit. En ajoutant ce sentiment d’urgence, nous allons créer un nouveau rendez-vous entre 12h et 14h, où les téléspectateurs pourront assister en direct à l’arrivée des voitures. Ils pourront voir Sébastien Loeb franchir la ligne d’arrivée et se demander s’il a réalisé un temps inférieur ou supérieur à celui de ses concurrents. Notre but n’était pas de simplement reproduire ce que faisait France Télévisions. Nous voulions personnaliser la course et lui donner un visage. C’est le plus gros investissement de la chaîne pour 2024.

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Avec cet investissement du Dakar, avez-vous dû arbitrer sur d’autres sports ?

JÉRÔME SAPORITO

Oui, étant donné que nous disposons d’un seul canal de diffusion, nous avons dû faire des choix stratégiques. Lorsque plusieurs événements sportifs se déroulent simultanément, nous avons saisi l’opportunité pour développer un bouquet de chaînes digitales, afin d’exploiter pleinement leur potentiel. Avec L’Équipe Live disponible sur le site et l’application L’Équipe et sur les téléviseurs Samsung, ces chaînes servent de complément à la chaîne principale, surtout lorsqu’elle choisit de couvrir des événements majeurs comme le Dakar.

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Quelle est la façon dont L’Équipe compte «acculturer» les Français aux Jeux Olympiques et sur votre rôle complémentaire à celui de France Télévisions ou d’Eurosport ?

JÉRÔME SAPORITO

Notre mission est de familiariser les Français avec les athlètes qui représenteront la France aux Jeux Olympiques. Qui sont-ils ? Sont-ils en forme ? Comment se préparent-ils? Vont-ils se qualifier ? D’ici au 25 juillet, notre objectif est de promouvoir les JO à notre échelle. Pendant les Jeux Olympiques, nous n’entrerons pas en concurrence frontale avec France Télévisions et Eurosport pendant la diffusion des épreuves. Cependant, une fois que leurs retransmissions en direct se termineront, nous proposerons notre propre talk à 23 heures. On se concentrera sur les analyses des records battus et des médailles remportées. Notre but est de compléter l’offre existante en offrant une perspective unique et enrichissante sur les événements de la journée.

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Envisagez-vous des collaborations avec des entités médiatiques ou sportives ?

JÉRÔME SAPORITO

Nous discutons activement avec plusieurs plateformes pour diversifier et enrichir notre contenu. Notre partenariat avec Skweek.tv, une plateforme spécialisée dans le basketball, en est un bon exemple. Ensemble, nous partageons les droits du Betclic Elite, le championnat de France de basketball. Dans cette collaboration, nous diffusons 9% des matchs, tandis que Skweek.tv couvre les 91% restants. Notre objectif commun est de contribuer à l’essor du basketball en France. En plus de cela, nous envisageons des projets avec d’autres plateformes, notamment dans le domaine du documentaire. Ces réflexions et collaborations visent à élargir notre offre de contenus et à offrir aux téléspectateurs une expérience plus riche et diversifiée, s’étendant au-delà des retransmissions sportives en direct pour inclure des formats plus narratifs comme les documentaires.